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Realder
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Mar 3 Jan - 22:43
Une curieuse Rencontre :

Voici quelques mots que je prends le temps d'écrire dans mon journal, une fois retourné dans mon campement, au milieu de la forêt. A travers mes gribouillis, mes dessins, mes schémas et autres élucubrations, je décoche ces quelques salves d'encre noire pour oublier ma peine et mes doutes.

J'ai rencontré un survivant du cataclysme il y a quelques jours. L'un des rares qui m'ait accueilli chaleureusement - j'ai trop souvent essuyé le tir nourri d'un groupe de bandits pour avoir encore confiance en mes semblables. Celui-ci avait néanmoins l'air amical. Nous nous sommes retrouvés à proximité d'un bâtiment désaffecté,  vide de ces choses qui rampent dehors et nous avons pu échanger quelques pommes autour d'un feu - après nous être mutuellement présentés avec méfiance et circonspection.
Il m'a dit son nom que je n'écrirais pas ici: je n'ai pas envie que les bonnes âmes de ce monde puissent être retrouvées par leurs bourreaux. Trop de gens méritants sont morts, certains sous mes yeux, d'autres attendent encore sans doute leur tour… Nous nous sommes racontés nos histoires :il m’a déclaré avoir beaucoup voyagé, au point d’aller vivre en Afrique. Bien sûr, sa vie a pris un tournant lorsque le cataclysme a commencé – tout comme la mienne. Mon camarade – je le nommerai camarade pour simplifier ma prose – a déniché un viel appareil, un polaroïd qui devait déjà être une antiquité à l’époque où le monde était… plus beau. Il m’a pris en photo et je l’ai laissé faire ; après tout, nous ne sommes que de petites étincelles de vie à travers l’immensité du multivers, et cela est encore plus vrai maintenant. Alors ma foi, pourquoi ne pas sauver les reflets de ces éclats tant qu’il brillent encore ?
Peut-être que l’espoir existe bel et bien. C’est du moins ce que ce courageux survivant m’a dit. J’ai honte de broyer du noir alors que cet homme a perdu infiniment plus que moi. Mais je ne devrais pas dire ça : nous avons tous perdu quelque chose qui nous était cher. C’est seulement que je ne suis pas le plus à plaindre.
Ode à l’Ecrou Providentiel :

Je viens de trouver une nouvelle boite de café ce soir. Un aller-retour rapide dans la ville située juste en dessous et le tour était joué. Ma prose est lancinante et mes mains tremblent – doux nectar oublié par la catastrophe, tu donnes au monde la lueur que je ne vois plus lorsque le soleil se lève.
Pelure d’Argile dépouillée de ses Chairs, dans la Cornue de la Nuit Saturnienne, le Tout-Puissant t’adresse cette Monition. Il t’a sauvé du Vide Béant des Mannes Célestes, Livide et Osseux mais bien vivant par sa Miséricorde. Et Voici qu’à ton Ame corrompue par la Matière, il offre une Dernière Niche de Pénitence. Mais tu méprises cette Ultime Faveur et pars violer l’Imprenable Forteresse, donner Forme et Contour à ce qui est Inconcevable.

Ces mots sont chargés de sens. Ils l’auraient été pour Frisca du moins – si elle était encore là. J’espère te retrouver un jour, mon joyau aux yeux rouges, et si ce n’est pas le cas – si les Dévoreurs de chair qui hantent la surface de la Terre me trouvent avant – Alors, je compte sur toi pour reprendre le flambeau : trouvons les responsables de cet Enfer.


Dernière édition par Realder le Sam 8 Juil - 22:00, édité 3 fois
Realder
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Mar 10 Jan - 21:26
Frontière d’acier

Me voici enfin en relative sécurité dans mon « petit » campement que j’ai nommé « Frontière d’acier » en bordure de la brume blanche, une boite de sardine à demie entamée à proximité et une nouvelle réserve de crayons dans ma poche. Le feu crépite et diffuse des fragrances de pin et de sapin aux alentours. Je préfère encore être découvert par des survivants – mais il est peu probable que des vivants s’aventurent encore par ici- que par les loups que j’ai rencontré aujourd’hui… J’ai bien failli y passer ; ces bêtes ne sont pas les canidés craintifs qui vivent dans notre chaine alpine en France : ils sont plus vifs, plus silencieux et sans doute bien plus nombreux que leurs cousins. Mon cœur bat encore la chamade mais le risque en valait la peine, du moins je suppose : en suivant la brume, j’ai découvert un chemin direct jusqu’à des baraquements qui devaient sans doute servir de base militaire à l’époque (quelle époque ? je ne sais même pas combien de temps s’est écoulé depuis que j’ai perdu ma famille, Frisca et les autres… quelques mois ? un an ? un siècle ? J’ai peur de ne jamais le découvrir). Ce qui est sûr, c’est que pour une fois, j’ai mis la main sur quelque chose d’intéressant, peut-être moins que le saint breuvage du Purgatoire, mais tout de même utile : bien huilées et apparemment fonctionnelles, des armes d’assaut sont désormais rangées dans l’une des tentes que j’ai rapporté. Au fond, je n’aime pas ces choses : elles me rappellent trop les bassesses de l’Homme, les guerres motivées par l’appât du gain et la soif de pouvoir. Mais je dois bien avouer que leur présence me rassure ; je ne sais pas convenablement les utiliser et en toute honnêteté, cher journal, j’espère ne jamais avoir besoin d’en faire usage. Pour l’instant elles sont entreposées ici et je demanderai au « voyageur »  –l’homme gentil qui a voyagé en Afrique- s’il sait s’en servir. Ou alors à Oliko, mais je crois bien qu’il ne connait pas ce type d’arme.
Alors que le soleil commençait à peine à entamer sa lente descente, je l’ai d’ailleurs retrouvé ce camarade d’infortune, à proximité du camp qui plus est. Ai-je déjà mentionné son  véritable nom dans ce cahier ? Je ne crois pas. Il me semble qu’il est d’origine scandinave, peut-être finlandais – quoiqu’il en soit, cela faisait plus de deux semaines que je n’avais pas vu Oliko et je dois avouer que je commençais à douter qu’il ait survécu. Pourtant le voici, bien vivant et plutôt en bonne santé à proximité : il est en train de trier des bandages, lui qui était autrefois dévoué à la science et à la médecine. Ce n’est pas à proprement parler un ami, cette définition n’a plus lieu d’être dans ce pandémonium. Disons plutôt que nous nous sommes rencontré dans une situation délicate – un survivant solitaire, comme moi, qui menaçait de me tirer dessus si je me rapprochais encore d’un pas avec ma bèche… C’était il y a longtemps et c’est aujourd’hui un sujet de plaisanterie – lorsque ce monde nous cède quelques instants de répit. Nous sommes des alliés mais nous ne partageons pas forcément la même vision des choses : je le trouve impulsif et trop optimiste. Quant à lui, il doit sans doute me considérer nostalgique voire morose. Mais je sais que c’est un homme de bien et je pense qu’il m’estime également digne de confiance. Je suis content qu’il soit encore en vie ; apparemment, il m’avait laissé un mot pour me prévenir qu’il allait sur la côte, chercher des médicaments et de la nourriture. Je ne l’aurai pas suivi de toute façon : il y a trop de survivants sur la côte et à mes yeux, bien peu sont honnêtes ; quant à ceux qui le sont, ils sont bien trop imprévisibles.

L’espoir dans un Polaroïd

L’homme à l’appareil photo, ou encore « le voyageur » a à nouveau croisé ma route près de  « Frontière d’acier » aujourd’hui. Il m’a dit qu’il se fichait qu’on connaisse son nom et que cela pouvait même être une bonne chose. Ainsi soit-il. Mon deuxième allié s’appelle donc Dimitri Enkidiev et je l’ai présenté à Olikotora puisque nous sommes susceptibles de nous déplacer ensemble désormais. Dimitri nous a d’ailleurs fait part de son projet : Il voudrait établir une communauté de survivants dans cette partie du monde qu’il connait sous le nom de Chernarus. Ceci afin d’éviter, dit-il « de perdre encore une fois des amis proches, voire des membres de ma famille ». Il est apparemment tellement certain que son idée peut fonctionner qu’il a fabriqué des affiches avec du papier (une denrée pas encore si rare que ça) et qu’il les a placardé au fil de ses pérégrinations dans toutes les villes qu’il a traversé. Je dois avouer que son enthousiasme et sa bonne humeur m’ont fait chaud au cœur. Peut-être y a-t-il effectivement encore un petit espoir. Si ce photographe continue sur sa lancée, pas de doute, je lui donnerai un coup de main, et je pense qu’Oliko me suivra. En attendant, j’ai laissé mes deux camarades faire connaissance dans le campement. Je veux vérifier si je n’ai rien laissé dans la base militaire que j’ai découvert – à défaut de trouver des armes, je suis certain de pouvoir trouver des rations encore comestibles. Et j’ai besoin d’être seul un moment. Le seul avantage de cette catastrophe, c’est le calme et le silence qui règne sur le monde… Une atmosphère propice pour écouter le souffle du vent dans les arbres – et qui sait, entendre les murmures de ceux qui sont absents de nos vies.


Dernière édition par Realder le Mer 5 Juil - 14:13, édité 4 fois

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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Le Purgatoire de l'Arpenteur

Mer 18 Jan - 19:56
Le Purgatoire de l’Arpenteur :

Je suis épuisé. Pourtant, c’est avec les paupières à demi closes que je couche mon histoire sur les feuilles de mon journal afin de n’en perdre aucune trace. Par ou commencer ? Et bien ma foi, je laisse à mes mains le soin de décider.
Tout a commencé par une nouvelle rencontre. Mon chemin à travers Chernarus a croisé celui de Christian, un petit homme méfiant et craintif, à proximité du centre de la contrée. J’étais venu explorer les environs seul. J’en suis reparti accompagné de 4 personnes. Comment cela est-il possible ? Laissez-moi vous conter cette histoire.
J’ai rencontré Christian alors que je traversai Severograd en hâte, pour me diriger vers cette zone battue par les vents, un vestige de l’ancien monde : l’immense Airfield, un vaste complexe militaire qui servait apparemment d’aéroport par le passé. Comme je l’ai déjà précisé, je fais rarement confiance aux personnes que je croise durant mes voyages à travers les terres désolées – à l’exception d’Olikotora et de Dimitri bien sûr. Mais le petit homme - pas si petit que ça finalement - semblait en mauvaise posture, aussi décidais-je d’aller l’aider. Christian était assailli par quelques Grisâtres (appelons-les comme vous voulez) qui n’auraient sans doute pas inquiété un survivant chevronné. Ce qui n’était pas le cas de notre ami : celui-ci m’a en effet avoué après l’assaut qu’il n’avait jamais combattu ces choses et qu’il préférait les fuir plutôt que d’en découdre. Je ne sais si c’est une sage décision mais j’aime à penser qu’une bonne étoile me surveille et me fournit sa protection en échange des quelques miettes de bonté que je peux apporter à ce monde en ruine. Quoiqu’il en soit, je n’allais pas laisser le pauvre bougre ici c’est ainsi que je fis plus amplement sa connaissance. Il m’accompagna et m’expliqua au cours du trajet qu’il souhaitait rejoindre un ami, une sorte de prêtre quelque peu fanatique mais doté d’un bon cœur et d’un sacré sens de l’humour, répondant au nom de Spontex (nom, surnom, ou sobriquet ridicule, je n’en sais rien).
Je souris encore aujourd’hui : cet homme de foi s’est en effet installé à quelques kilomètres du lieu dans lequel j’ai établi mon « chez-moi ». Je le croise parfois et chaque fois qu’il me repère, je me retrouve béni par les Saintes Ecritures…
Cher journal, je m’égare. Alors si tu veux bien, venons-en au fait et abrégeons cette mascarade. Accompagné de Christian, je suis parvenu à cette fameuse Airfield. Et comme il fallait s’y attendre, on m’a repéré. Un trio armé nous a intercepté : trois survivants, équipés du même type d’armes que celles que j’ai pu récupérer il y a quelques jours de cela. Heureusement, leurs intentions n’étaient pas hostiles et malgré l’interrogatoire qu’ils m’ont fait subir, je les considère aujourd’hui comme des alliés. Car même s’ils n’ont pu me fournir aucune information concernant ma Frisca et ce qu’elle est devenue, ils m’ont non seulement indiqués leur noms et surnoms (Fyfoo, Jacob et Alain si je me rappelle bien) mais ils m’ont surtout donné un premier indice. Un nom en fait, qui pourrait bien être celui d’un responsable de ce pandémonium ou du moins celui d’une personne connaissant le ou les responsables : Marconni, l’un des soi-disant parrains de Chernarus (il faudra que je retrouve cette petite équipe pour en savoir plus).

La nuit commence à tomber et il commence à faire trop noir pour écrire. Olikotora et Dimitri discutent à quelques pas de là. Je ne sais pas quand je leur annoncerai que Fyfoo et ses acolytes sont des français, tout comme moi, ni quand je leur parlerai de Marconni. Ils risquent de me prendre pour un fou – après tout, je ne sais même pas si Jacob, Fyfoo et Alain m’ont dit la vérité. Quoiqu’il en soit, je connais désormais plusieurs personnes susceptibles de me fournir de l’aide dans mes recherches. Outre Oliko et D. Enkidiev, je sais que je peux désormais compter sur Christian (après tout, il a une dette envers moi puisque je l’ai ramené vers son ami Spontex). Spontex lui-même est susceptible de m’aider pour la même raison. Quand au trio de casse-cou que j’ai rencontré, je pense qu’il est tout à fait possible de m’associer avec eux. Après tout, nous poursuivons un même objectif… mais probablement pas pour les même raisons.
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty L’Entre-deux-mondes, l’ingénieux plan de Dimitri et l’Homme de Fer

Mer 18 Jan - 21:33
L’Entre-deux-mondes, l’ingénieux plan de Dimitri et l’Homme de Fer

Cet homme, Enkidiev, est un visionnaire. Si Widow, Cold et Tango étaient là, ils en diraient probablement autant. Mais mes amis ont disparu – ou ils sont morts- et même si je suis certain que Frisca est encore en vie quelque part, elle n’est pas là pour me fournir son précieux avis. Je ne peux compter que sur Dimitri, Oliko et moi-même pour prendre les bonnes décisions. Et pour cette fois, je dois bien avouer que mon camarade revenu d’Afrique a réussi avec brio. Sans doute l’a-t-il écrit dans son propre journal, mais je noterai tout de même sur mon ouvrage les résultats de son talent.
Il y a quelques jours, Dimitri m’a annoncé que notre petit projet de village (que nous avons nommé assez orgueilleusement l’Entre-deux-mondes, je l’avoue) ne pouvait être réalisé à deux, ou même à trois : trop peu de mains pour bâtir une nouvelle humanité dans les restes des Egouts du Ciel. Qu’à cela ne tienne : c’est lui qui a pris l’initiative de lancer une impulsion, un message sur l’ensemble des ondes de Chernarus encore activées. Je ne sais pas comment il a réussi. La seule manière d’émettre assez loin, c’est de monter très haut et je ne connais (d’après la carte) que quelques sites répertoriés dans cette contrée qui pourraient éventuellement convenir : le premier, Green Mountain. Mais c’est à des heures de marche par rapport à notre petit coin de tranquillité. Le second, une tour radio au Nord-est de Chernarus, mais c’est un lieu sauvage, repaire de loups et de Zombies… Le troisième, probablement le plus prometteur mais aussi le plus dangereux : une immense antenne radar, vestige d’un ancien centre de contrôle militaire… là aussi un bois sombre rempli de crocs acérés et de morts qui marchent (et cerise sur le gâteau, à la limite de cette étrange brume).
Quel que soit le prix à payer pour cet appel, Dimitri l’a sans doute honoré et il a obtenu une réponse. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés il y a de cela environ trois jours, au sommet des immeubles d’une ville dont je ne me rappelle plus le nom. Je sais seulement qu’elle est située à proximité de l’aéroport que j’ai mentionné la dernière fois que j’ai écrit. Nous y avons rencontré son contact, le fameux Homme de Fer : un russe apparemment, vêtu comme un militaire, un lourd casque à visière sur la tête et vêtu d’un équipement militaire complet. Il connaissait quelques mots de français et le reste de la conversation s’est déroulé en anglais, une langue que je maitrise quelque peu. J’aurai aimé demander à Dimitri de me prêter son appareil photo pour immortaliser le titan russe en armure mais ce polaroïd est un peu son artefact, sa signature.
Quoiqu’il en soit, le plan de mon ami et de l’Homme de Fer était simple : réaliser une sorte de conférence de presse, sous le couvert de notre garde du corps, et attirer le plus de survivants possible – les bons, pas les bandits. Nous avons eu de la chance : un homme solitaire, un coréen, nous a d’abord rejoint. Il avait entendu l’appel d’Enkidiev et partageait visiblement nos valeurs. C’est ensuite une faction complète de survivants qui est parvenue jusqu’à nous, équipés de pieds en cap. Ils nous ont assuré que leurs intentions n’étaient pas hostiles et qu’au contraire, ils étaient prêts à nous aider dans notre projet, néanmoins contre rétribution. Je ne peux les en blâmer : plus le temps s’écoulera, moins il deviendra facile de trouver du matériel, de l’équipement et de la nourriture. Et je pense que ce groupe l’a très bien compris.  Finalement, ce n’est autre que Jacob qui s’est approché alors que Dimitri, exalté par sa responsabilité, décrivait son rêve aux personnes présentes. Laissant à Dimitri le soin d’exposer notre idée, je me suis entretenu en retrait avec l’homme que j’avais rencontré à l’Airfield, ce Jacob. Il m’a répété que si je voulais avoir des réponses par rapport au Désastre, il fallait que je retrouve ce fameux Marconni. En gage de bonne foi, il m’a même proposé de l’accompagner dans sa quête, à la recherche de l’homme.

Notre discussion et la réunion au sujet de l’Entre-deux-mondes ont cependant dû être écourtées lorsque la faction de survivants très organisée a été avertie d’une attaque sur son campement. Ils ont quitté la conférence et nous avons décidé d’y mettre fin, d’un commun accord avec mon camarade Enkidiev.
Notre petite conférence aurait pu mieux se dérouler mais je n’ai aucun regret : Dimitri a parfaitement réussi et désormais, de nombreux survivants sont au courant de ce projet, sans pour autant mettre en péril nos vies et notre petit campement.
Je pense avoir tout noté. J’ai besoin d’écrire mais j’ai raconté tout ce qui m’était arrivé pendant ces quelques jours. Je pense que je vais m’avancer un peu plus loin maintenant, marcher un peu, puis réfléchir. Après tout, ce monde nous a au moins laissé cette liberté.
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Complaintes de la Lame Brisée

Jeu 19 Jan - 22:54
Complaintes de la Lame Brisée

Cette partie du monde au moins a été frappée par un cataclysme qui s’avère être probablement mondial. Si ce n’est pas le cas, comment expliquer que nous ne captons pas d’ondes en provenance d’autres pays ? Les survivants de ce fléau, du moins ceux que j’ai rencontré, réagissent de plusieurs manières devant le phénomène : certains vivent dans la crainte, d’autres en profitent pour laisser leurs plus bas instincts les guider. D’autres encore ont choisi de se tourner vers le Ciel et prier Dieu de leur accorder de l’aide. D’autres encore s’organisent et tentent de construire quelque chose de nouveau. C’est en partie mon cas et celui de Dimitri. Olikotora aussi dans une moindre mesure.
Je tiens à eux, c’est un fait. A défaut d’être de réels amis, ils sont devenus des fragments de ma vie, de petites miettes d’espace et de temps sur lesquels je peux compter.
Néanmoins, aucun homme sur cette Terre ne semble prendre pleinement conscience de l’énormité de la chose. J’ai retrouvé du café et je discerne quelque chose dans les volutes de vapeur de ce doux nectar, au-delà même des membranes de la matière. Prenons le temps d’y réfléchir, vous et moi. Le Saint Café du Purgatoire nous permettra de ramoner le Ciel pour conjurer l’Atrocité de ces Bas-fonds décomposés. Palabrons un peu puisque nous en avons le temps.

Ce monde s’est effondré. C’est un fait. Pourtant, ne devrions-nous pas nous en réjouir ? J’essaye d’adopter un comportement neutre vis-à-vis des évènements. Je ne peux pas réparer les vestiges de l’ancien monde, mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras et se laisser mourir. Je ne tiens pas non plus à sombrer dans le vice et le fiel comme ces hommes qui violent et tuent. En cela, ils sont bien pires que les Grisâtres qui hantent les plaines de Chernarus. Il n’y a ni lumière au bout du tunnel, ni chute dans les profondeurs abyssales et glacées. Juste des tons pastel, un monde aux multiples nuances mais sans couleurs vives. Ce monde, je ne l’aime ni le déteste. Il ne s’agit que d’un moule, sensé faire de nous de petits soldats de plomb.
Mais l’âme n’est pas enfermée dans une boite. Elle est la terre de ce champ qui fleurit sous tes pieds. Elle est pareille à la Douce Musique des Sphères qui résonne au-delà de l’Empyrée jusqu’à la Terre, qui transcende les Anneaux de Saturne et traverse l’Ether. L’Infinité des Plans est son terrain de jeu, le Grand Oignon Cosmique que l’on appelle le Multivers est son Nid.
Sachant cela, tout ce qui peut arriver n’a aucune importance. Marconni, l’Entre-deux-mondes, les recherches d’Oliko… Il ne s’agit que de jolies notes aux oreilles du Macronivers. Frisca elle-même, aussi voluptueuse et sucrée soit sa Chanson, n’est qu’une Musique sans forme et sans corps, impalpable, tant dans les Strates Oubliées du Vieux Noyau que dans le Chaos Tourmenté de la Création.  Seules demeurent nos âmes qui définissent ce que nous sommes aux yeux des autres. Sans notion de Bien ni de Mal, d’Ordre ou de Chaos dans l’Assiette du Grand Tout et du Grand Vide.

Pourtant, j’aime chacune de ces musiques Voyageur, Voyageuse. Je ne suis pas un sage, même pas un poète ou un philosophe, juste Realder Descendres, un jeune homme qui a subi sans doute comme toi le cataclysme de plein fouet. Mais chacune de ces étincelles de vie, chacune de ces histoires dont je t’ai parlé sont chères à mon cœur d’humain bien qu’elles n’impactent en rien l’expansion du Grand Mille-feuille des Plans.
Alors je t’en prie, si tu croises une copie de ces écrits au cours de ton périple en Chernarussie ou que tu me croises, moi, je t’en conjure, réponds donc à ces questions :
Connais-tu Marconni ? On m’a dit qu’il était là au commencement, est-ce vrai ?
Rejoindras-tu l’Entre-deux-mondes ? Un nouveau départ, peut-être trop tard pour moi mais au moins de quoi redonner l’espoir à l’un de mes confrères.
Sais-tu ce qui nous est arrivé ? Certains parlent de capsules catapultées sur la planète bleue depuis l’espace…
L’as-tu aperçue ? Une femme à la peau d’albâtre, aux cheveux noirs et aux yeux rouges, mon armure, le chef d’œuvre d’un forgeron talentueux et la clé da ma survie.

Je lève les yeux de mon journal. La brume blanche flotte à quelques mètres de là. Qu’il serait facile d’y avancer pour ne jamais revenir ! Et qu’y a-t-il de l’autre coté ? Qui sait, un jour je tenterai peut-être la traversée. En attendant, je n’ai que trop écrit. Mon journal commence à ressembler à un vrai roman, d’ailleurs c’est à dessein que j’ai choisi le plus gros cahier de toute la librairie lorsque j’ai décidé d’en tenir un.
Il est temps de reprendre la route jusqu’à Frontière d’Acier. J’ai bien assez écrit pour ce soir même si mon esprit ne cesse prétendre le contraire. Demain sera un nouveau jour. Et à chaque jour suffit sa peine.
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Le Chant de la Salamandre: première prose

Lun 23 Jan - 23:01
Le Chant de la Salamandre : première prose

Une douce musique parvient à mes oreilles et je devrai m’en sentir mieux. J’avais oublié ce que c’était, ce rythme endiablé, ce fameux enchainement de notes. Un peu de savoir-faire, un peu d’aide de la part d’Olikotora et de Ross –puisque tel est le nom de l’Homme de Fer- et le tour était joué. J’ai en effet trouvé plusieurs lecteurs audio ainsi que des clés usb dans la réserve d’un vieux magasin à Novod. Ces objets ne sont sans doute pas très utiles par les temps qui courent. Mais qui refuserait un peu de musique de temps en temps ? C’est un miracle d’avoir trouvé ces petits bijoux et nous avons passé un temps fou à bricoler un système permettant de les brancher sur nos talkies-walkies (encore une trouvaille de notre ami russe). Le matériel qui fonctionnait encore était littéralement rempli de chansons et de musiques en tout genre… Ou sont les artistes à l’heure qu’il est ? Qu’importe ! Qu’il est agréable de revenir au campement accompagné par la mélodie de Lynyrd Skynyrd, Sweet Home Alabama ! Elle entre parfaitement dans le contexte et je suis convaincu qu’un certain Capitaine « Relic » m’accorderait un salut militaire si je la lui faisais écouter. J’ai croisé la route de cet homme quelque peu étrange et de ses partenaires, et je dois bien avouer qu’il s’agit sans aucun doute du groupe de survivants le plus soudé et organisé que j’ai croisé depuis que j’erre dans cette région du monde.

Mais…écrire ces joyeuses lignes ne changera rien au fond de ma pensée, ni à ce que j’ai fait ces deux derniers jours. Ni même à ce que je m’apprête à faire. Plus l’aiguille tourne, plus j’ai l’impression que mon âme, cette vibration qui nous lie tous, devient plus sombre et plus tortueuse.
Norman Ross, notre garde du corps – et désormais lui aussi notre camarade d’infortune- a tenté de m’enlever ce poids de la poitrine en m’expliquant qu’il ne s’agissait que de la loi du plus fort. Mais ça ne change rien : ce que j’ai fait est contre ma nature et depuis, des réminiscences, de vagues bribes de pensées me harcèlent. Lorsque je les sens à la limite de ma conscience, je peux presque entendre ce qu’elles essaient de me dire. Mais quand j’essaie de les saisir, elles éclatent comme des bulles de savon. Aussi étrange que cela puisse paraitre, Norman est le seul avec qui j’ai pu discuter de tout ça. Et je pense qu’Oliko et Dimitri ne doivent en connaitre que les grandes lignes. Ils seraient horrifiés s’ils apprenaient les détails de mon tourment.

Tout a commencé par une péripétie que je me remémore avec un certain malaise. J’étais parti en vadrouille avec Dimitri et Norman afin de trouver un petit village ou une ville qui aurait pu servir de point de départ à notre projet, l’Entre-deux-mondes (et là encore, ce nom m’évoque quelque chose d’enfoui désormais). A peine arrivés à l’aéroport désaffecté, celui-là même où j’ai rencontré D. Enkidiev pour la première fois, celui-ci s’est senti mal. Je pense qu’il ne s’agissait que de l’eau qu’il avait ingurgité plus tôt : après tout, j’ai fait des études d’hydrogéologie et je lui avais bien dit qu’il n’était pas normal de trouver des puits d’eau potable si près de la mer ! Par chance, je suis certain qu’il ne s’agit que d’une intoxication à l’eau salée. Mais il a quand même fallu laisser Dimitri là-bas le temps qu’il se remette. Il dispose d’armes, de vivres et d’une radio : je reste aujourd’hui assez serein par rapport à son état de santé. Il allait mieux hier et il en sera quitte pour une grosse frayeur… et une belle colique. Ce n’est cependant pas l’évènement le plus marquant de la journée. Car à peine revenus au niveau du village, celui situé au Sud de notre « chez-nous », Olikotora nous a rejoint, accompagné par une meute de loups. Et le chaos a commencé.
Les armes que j’ai ramené il y a quelque temps ont fait merveille mais malheureusement, seuls Ross et moi disposions d’assez de munitions. Olikotora a été grièvement blessé et lorsqu’il est tombé au milieu des loups (et des Marcheurs attirés par le fracas des armes) je l’ai cru mort. Nous avons terrassé la meute mais, submergés par les Grisâtres, nous avons dû battre en retraite, laissant ce cher Oliko derrière nous.
Je me fais l’effet d’être un lâche et ma mâchoire se crispe lorsque j’y repense. Oliko et Dimitri, je le sais, ne m’en veulent pas de les avoir laissés derrière. L’un dans un aéroport vide et glacé, l’autre se vidant de son sang, mordu par un l’un de ces canidés. Quel bon camarade je fais… je me dégoûte moi-même. Je terminerai néanmoins cette partie de ma lourde prose. Je ne l’avouerai jamais à Dimitri ou à Oliko – surtout pas à lui- mais Ross est d’accord avec moi : Oliko n’avait aucune chance de s’en sortir. A moins que Spontex, notre étrange et pieux voisin ne l’ai aidé. Mais là encore, quelque chose me dit que ce n’est possible. Car Spontex a bien entendu nos tirs et, bien à son honneur, nous a aidé comme il a pu. Mais il ne connait pas l’emplacement de notre campement, j’y ai veillé. Alors comment expliquer qu’Olikotora se soit présenté à Frontière d’Acier en rampant, certes, mais néanmoins bien vivant plus tard dans la soirée, alors que nous exterminions les derniers zombies de la zone ? Il n’avait par ailleurs pas l’air plus amoché que ça (bien qu’il nous ait précisé plus tard s’être fait arracher un morceau de la cuisse par l’un des loups). Je n’ai pas vérifié bien sûr, mais si c’est bien le cas, notre bon vieux généticien a parfaitement récupéré durant ces deux jours : il marche ce soir comme n’importe lequel d’entre nous.

Il y a quelque chose d’étrange qui se profile à l’horizon. L’autre jour, après quelques tasses de ce merveilleux café, j’ai rédigé l’un de ces textes que j’affectionne particulièrement. Ces délires qui me permettent d’appréhender les fragments du monde dans lequel nous vivons. J’y décrivais l’éventuelle persistance de l’âme à travers le Multivers. Ce qui est arrivé à Olikotora m’évoque quelque peu ce passage. Quelque chose cloche. Norman Ross est d’accord avec moi : tout est lié. Il devient indispensable que je trouve des réponses à mes questions, et cela tombe plutôt bien : car même si ce fameux Marconni est introuvable, j’ai découvert un fragment de journal avec un nom dessus. Et à en juger par ce qu’il y a écrit sur ces pages (les rares mots en anglais que j’arrive à traduire à travers ces signes chinois ou japonais), j’ai trouvé là une première piste. Il s’agit du fil de soie que je ne dois plus lâcher et j’aurai besoin de durs calibres pour m’aider à tisser ma toile. Norman s’est proposé d’office et je pense que je peux lui faire confiance. Quand à moi… je dispose d’un atout, pas forcément un ami, pas même un camarade. Disons plutôt que mes pérégrinations m’ont amené à croiser des gens dont il ne vaut mieux pas parler dans un journal. Une paire d’yeux froids en Chernarus, cachés derrière les optiques ambrées d’un masque à gaz.
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NormanDKN
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Mar 24 Jan - 12:33
J'adore et pas seulement parce que je suis dedans
Realder
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Le Chant de la Salamandre: deuxième prose

Mar 24 Jan - 22:28
Le Chant de la Salamandre : deuxième prose

Je n’ai pas fini d’écrire hier et je reprends donc ma funeste mélopée. Ces mots te sont dédiés, Frisca, et je pense que tu sauras les interpréter. J’agissais dans ton ombre, porté par ta fougue, naviguant sur les vagues de ta volonté, je m’en souviens à présent. Pourtant mes souvenirs sont flous à partir d’un certain point et j’ai la désagréable impression qu’il n’en a pas toujours été ainsi. J’ai fait un cauchemar dans lequel tu n’étais qu’un pantin de chair, de sang et d’os, une magnifique marionnette à laquelle on aurait donné une conscience. Bien réelle, certes, mais jamais vraiment vivante… Pas l’une de ces choses qui se promènent dehors mais pas l’une d’entre nous non plus.
Tu aurais beau être une construction de mon esprit fatigué – et je suis persuadé que ce n’est pas le cas- que cela ne changerai rien. Je suis à ta recherche et je sais que lorsque je te retrouverai ou que tu prendras la relève (car un jour ou l’autre, une balle perdue, un zombie ou un loup mettra sans aucun doute fin à mes jours), des vérités finiront par éclater.

Laissons là ces pensées destinées à une autre que toi, Voyageur, Voyageuse. Cette salamandre qui court dans les égouts de mon cœur n’affecte que moi et son feu brulerait jusqu’au plus infime fragment de ton âme si tu décidais de t’y plonger. Alors reprenons plutôt où nous nous en étions arrêtés : le matin suivant le retour d’Olikotora d’entre les morts.
Un chaud soleil baignait la contrée, chose assez rare en Chernarussie d’après ce que j’ai pu constater. Dimitri malade et Olikotora cloué sur place dans notre campement, j’étais dans l’impossibilité de prendre les initiatives nécessaires à la mise en place de l’Entre-deux-mondes : c’est Enkidiev qui reste le principal instigateur de ce projet et c’est donc avec son accord que je commencerai à prospecter et à déplacer le matériel que nous avons déjà récupéré. Quoiqu’il en soit, j’en ai profité pour mettre en œuvre des objectifs beaucoup moins louables et qui ne ressemblent guère à mon tempérament habituel. Mais j’ai cruellement besoin de réponses et puisque mes alliés ne sont pas capables de m’en fournir, c’est à moi de prendre les choses en main.
Je suis donc parti à la recherche de renseignements – peut-être des chimères- en compagnie de notre camarade de l’Est, Ross. Qui est cet homme qui me fournit sa protection alors que je n’ai rien fait pour la mériter ? Il m’a raconté une partie de son passé : livré à lui-même, il œuvrait dans l’ombre et l’illégalité lorsqu’il était plus jeune. Il est finalement devenu policier par la suite si j’en crois ses dires. Mais ce n’est pas cette conversation qui m’intrigue ; quelque soit les casseroles qu’il traine derrière lui, elles ne me regardent pas et chacun est libre de garder ses secrets. Je le prenais au départ pour un homme à l’esprit terre-à-terre, fermé. Pourtant, alors qu’il marchait à mes cotés, c’est lui qui m’a ouvert les yeux.
D’aucuns parlent de cette apocalypse comme d’un résultat de la nature de l’homme : le produit d’un long hiver nucléaire, une maladie développée par un peuple pour en exterminer un autre ou bien encore l’œuvre d’un dieu lassé de nos turpitudes. Ils ont peut-être raison. Mais personne là-haut n’a eu le bon sens de se pencher sur la mécanique démentielle de notre Purgatoire. Norman a émis l’hypothèse suivante : il se pourrait bien que l’homme et même ses croyances ne soient aucunement responsables du phénomène. Il suppose que tout ceci, ce cataclysme, n’est qu’un test dans lequel nous jouons le rôle de pions. Des êtres, que nous avons grossièrement qualifié d’ « aliens » ou d’ « êtres supérieurs » seraient nos juges et attendraient dans les membranes de la matière que se relèvent les derniers survivants. Les derniers humains, en cela les plus aptes à survivre et ce par n’importe quel moyen.
Je dois bien avouer que cette hypothèse m’aurait fait sourire quand le monde était encore un havre de paix par rapport à cette non-vie. Mais je n’ai plus envie de sourire. Qui peut encore se targuer de connaitre parfaitement son passé ? En ce qui me concerne, j’ai toujours des zones de flou que je n’arrive pas à expliquer – encore plus depuis ces derniers jours-. La plupart des survivants que j’ai rencontré jusqu’à maintenant, du moins ceux avec lesquels le dialogue est encore possible, m’ont tous expliqué souffrir des mêmes maux : pour certains une amnésie générale, pour d’autres des souvenirs faussés. Les rares qui m’ont raconté entièrement leur histoire ont peut-être dit la vérité mais rien ne prouve non plus qu’ils n’aient pas menti.

En l’absence d’autres données vérifiables, je ne peux que me torturer davantage. Mes objectifs sont désormais multiples, bien que tous liés. L’hypothèse de Norman Ross n’est peut-être qu’une spéculation. Mais la réalité même des Grisâtres, zombies, Marcheurs ou encore cadavres ambulants indique que des choses que l’on croyait impossibles peuvent se produire. Les voiles de l’espace et du temps sont fins et parsemés de déchirures… La brume blanche proche de Frontière d’Acier se trouble d’images terribles.
Realder
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Transcendance

Jeu 26 Jan - 22:21
Transcendance

La Z.T.A. Plus qu’un groupe formé à la va-vite après le fléau, une véritable faction qui a trouvé le moyen d’exploiter le chaos pour le transformer en quelque chose de vivable. Ils sont organisés, très bien équipés et d’après ce que j’ai pu voir, capables de se relever de toutes les situations. J’ai croisé ces anciens militaires, docteurs, policiers -et que sais-je encore- alors que je rentrais de mon périple avec Norman Ross (ma recherche s’avère infructueuse soit-dit en passant). Sous l’égide d’un certain « Relic », leur colonel, général, chef ou quelque soit le titre que ses alliés lui donnent, ce groupe de survivants hiérarchisé aide apparemment les gens dans le besoin et débarrasse la côte des zombies, des malfrats – et de tout équipement médical, ce qui reste la seule ombre au tableau. Je me répète, je n’aime pas les regroupements de survivants, quel que soient leurs objectifs. Mais si je devais faire confiance à l’un d’entre eux, il s’agirait sans nul doute de la Z.T.A. Leurs desseins sont louables et même si leur système semble strict et figé, c’est eux qui méritent plus que les autres de reprendre les choses en main.
Bien qu’ils n’aient eux non plus pas de réponses à me fournir, ils m’ont assuré qu’ils prendraient les dispositions nécessaires pour se renseigner à mon avantage. S’il le faut, je passerai à nouveau vers l’endroit où ils se sont établis, en espérant ne pas essuyer de tirs pour ma témérité.

Je suis cependant certain de plusieurs choses : de nombreux groupes de survivants se forment et j’entends parler ici de la R.E.D, là-bas de la Z.TA ; ailleurs de la Black Trinity… Si tu veux mon avis, Voyageur, Voyageuse, ces masses sont semblables au soufre et au mercure : ils se mélangent et se poursuivent tels des enfants qui jouent. Mais à la moindre étincelle, ces électrons libres se percuteront et ce sera l’explosion. A la limite de la brume, j’attends ce moment avec appréhension et j’espère me tromper. Mais si les rares personnes qui ont survécu s’entre-déchirent, je n’y participerai pas. Et je vais te confier un aveu. Je ne cesse de parler de ce monde comme d’un Purgatoire. Au début c’est vrai, je le qualifiais d’Enfer. C’est peut-être parfois toujours le cas. Mais ne crois pas que cela me déplaise : ce monde est une aubaine. Il est la clé d’un nouveau commencement, une feuille vierge qui n’attend que la main du poète. Supprime donc les Marcheurs et leurs cris, les rebuts que l’humanité a laissé derrière elle et qu’obtiens-tu ? Une nouvelle graine prête à germer.
Je suis comme toi : j’ai perdu des êtres chers et d’autres se sont égarés ; Frisca, ma famille et de nombreux amis. Et ils me manquent terriblement. J’ai cependant rencontré de fabuleux personnages : Oliko, Dimitri, Norman, Spontex, Fyfoo et son équipe, Christian… Et je suis toujours en vie. Le Purgatoire, mon ami(e), n’est pas noir et glacé, ni blanc et brulant. Il est ce que tu décideras d’en faire. Pour ma part, il me suffit de retrouver quelques pions et je pourrai commencer, serein, à travailler pour construire un meilleur lendemain.


Paroles d’un autre Temps, Souvenirs d’un autre Monde :

Nous ont-ils oubliés en ces lieux ? S’agit-il d’une punition des Dieux que de nous avoir laissé moisir sur notre Terre avec ces caricatures de monstres qui étaient autrefois nos semblables ? Si c’est le cas, si un esprit supérieur a choisi de faire de ce monde notre prison, alors j’espère qu’il m’entend rire d’ici-bas. Ce café, vois-tu, est le poing rageur que je dresse à la face du Multivers. Chaque gorgée est un nouveau coup que j’assène aux portes qui relient les plans. Ces grains sont le Grand Oubli de notre Créateur. Peut-être que les images qu’ils m’offrent ne sont qu’illusion. Quoiqu’il en soit, ces instants hors du temps, perdus dans la nuit face à cette barrière de brouillard sont les miens. Entends-tu ces pensées ? Ecoute l’huis qui grince… Elles veulent te voir ! Les sens-tu frapper l’acier de leurs griffes ? Si tu n’y prends pas garde, ces démons de l’illusion te tortureront éternellement ! Alors plutôt que de lutter, je t’en prie mon Ami(e), prends donc place avec moi près du feu. Contemple ton propre reflet ; peut-être que la brume te murmurera aussi des énigmes sur ton passé. Elle chante pour moi en ce moment.

« Trois pantins de chair, gardiennes d’un être sans pitié. Trois coques vides asservies par l’esprit damné du Dévoreur de Monde, abreuvées de son sang, dernier rempart de son cœur meurtri, empli de haine. Frisca, le Bouclier, prête à faire de son corps une barrière ensanglantée, ses blessures transformant ses coups en ouragans déchainés. Saphira, l’Epine, son contact glacé dévorant toute vie, créature affamée dont le sang corrode le métal et brûle la chair. Borea, le Brasier, son corps tourmenté par les flammes engloutissant l’ennemi dans une tempête calcinante. Trois tours protègent une forteresse de souffrance pour le salut du Règne de la Lame du Vide.
Tourmente ceux qui se dressent devant toi, Frisca, mon pantin aux yeux rouges, protège-moi de cette lie par ton corps car telle est ma volonté. Tu es la première des trois, mon chef-d’œuvre et la clé de ma survie… N’oublie jamais cependant que ma nature est de pouvoir puiser dans ton essence sans jamais craindre de m’y noyer. »

Crois-tu que c’est un hasard, Voyageur, Voyageuse, si j’ai posé la première tente de mon campement à proximité de cette brume blanche ? Bien sûr que non. De ce brouillard sort toute sorte de mots. Ce soir, je l’admets, ils étaient durs, pleins de colère et de violence. Mais ils sont parfois suaves, sucrés, doux comme un baiser. Peu importe ce qu’ils racontent : apprends à lire entre leurs lignes et ils te renseigneront parfois sur ton passé. Ce soir, j’espère ne pas avoir entraperçu un fragment de moi-même. Pourtant, dans leur douleur, je constate en effet que Frisca était mon bouclier : elle m’a toujours fourni assistance et secours lorsque j’en avais besoin et quand je la retrouverai – si Chernarus m’en laisse le temps- ce sera à moi de lui rendre la pareille.
La brume nous donne des informations sur notre âme, c’est du moins mon hypothèse. Peut-être que ces paroles nous renseignent sur d’anciennes vies, des vies que nous aurions vécu durant ces périodes de flou dont je parlais l’autre soir. Ce n’est pas logique. Mais cette vie non plus n’est pas logique : je me rappelle de mon passé – puis un trou noir- puis il fait à nouveau clair, je me trouve sur une plage, sans blessure certes, mais sans explication et privé des personnes qui m’accompagnaient.

Je tâtonne encore et pour le moment toute supposition est à prendre en compte. Ross a raison : je pourrai devenir un informateur, moi qui collecte et engrange chaque idée, chaque parole que je juge utile dans un coin de mon cerveau. Tant d’informations et si peu de réponses… Demain, je reprendrai la route : Peut-être croiserais-je ceux que je cherche sur mon chemin. En attendant, une bonne nuit de sommeil me fera du bien.
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty De ces silences, quelque chose peut s'élever

Mar 31 Jan - 23:32
De ces silences, quelque chose peut s’élever

Enkidiev. Ross. Olikotora. A eux trois ils ont la sagesse, la force, le courage, l’intelligence et la volonté qu’il me manque pour transformer des mots en faits. La première crêpe, Voyageur, Voyageuse, est toujours celle que l’on rate. Pourtant, grâce à eux, une graine a commencé à germer dans le terreau de l’Entre-deux-mondes, et avec elle les prémices d’un espoir nouveau, d’un lendemain plein de promesses. Les premières tentes sont posées et le petit village qui servira d’ancre pour notre projet a été nettoyé de fond en comble. Quelques Grisâtres y vagabondent encore mais je crains qu’on ne puisse rien y faire : sans doute ces choses ont-elles un sens caché leur permettant de nous tracer, nous les vivants. Encore une hypothèse à creuser avec Ross, mais celle-ci attendra encore quelques temps. Car je suis actuellement tout à ce projet. Nous nous sommes établis dans un petit village, à mi-chemin entre Frontière d’acier et son impénétrable brume et la mer ou l’océan Sud et Sud-est de Chernarus. Egalement à proximité de cette incroyable faction de survivants qu’est la Z.T.A dois-je dire. Je n’arrive pas à me décider : cette idée me chagrine quelque peu d’un coté : je ne veux pas que la liberté offerte par l’Entre-deux-mondes se retrouve compromise par la main de fer de la Z. Team Alpha. D’un autre coté, le personnel de cette organisation « paramilitaire » n’est pas seulement composé de soldats de plomb : du peu que j’en ai vu, chacun de ses membres en a également dans le ciboulot. En d’autre terme, il ne s’agit pas de caricatures de guerriers prêts à écouter les ordres les plus absurdes : ils prennent le temps de mesurer leurs actions et leur discipline semble à la base fondée sur la bonté. Je pense que nous pouvons compter sur eux si le besoin s’en fait sentir. Après tout, nous leur faciliteront le travail, leur but principal étant d’aider les survivants présents sur la côte voire au-delà.

Une communauté où chacun pourra vivre sa vie comme bon lui semble, tant que la limite dictée par les règles les plus morales ne sera pas franchie : voilà notre but. Chacun sera libre de vaquer à ses occupations. Mieux que ça : nous avons sans doute tous fait d’horribles choses pour survivre : L’Entre-deux-mondes pourrait permettre à ceux qui le désirent vraiment d’accéder à la rédemption. Par le biais de la vie en communauté, nous redeviendrons des hommes, même après ce cataclysme. Je suis certain du bien-fondé de notre idée. Après tout, nous ne forcerons la main de personne. Mais je veux voir cette nouvelle plante croitre, s’épanouir et fleurir : elle est le symbole de l’espoir pour la plupart d’entre nous. Et bien que je sois convaincu que ce Purgatoire n’est pas si terrible que ça finalement, nous méritons mieux. Nous avons largement honoré notre dette envers la Nature, Dieu, bref, envers le ou la responsable du désastre. Le sang versé par les guerres basées sur la religion, la politique, l’appât du gain… Tout ceci a été effacé, épongé. Peut-être la nature de l’homme est ainsi faite que dans des centaines d’années, il recommencera les mêmes erreurs. Mais pour le moment, cette bonne boue, ces chiches grains de café me disent que je suis proche de la vérité. Notre dette est payée. Et il est temps de reprendre le train en marche. Après tout… je suis un Arpenteur. Ce qui est parti d’une simple discussion avec Oliko, il y a de cela peut-être des mois, voire des années, se vérifie. Notre devise n’a jamais été plus claire, plus vibrante de vie qu’aujourd’hui : «  Working to make a better tomorrow for all mankind  ».

Je lève la tête de mon journal. La chaleur du feu et l’odeur du café en train de chauffer m’emmènent dans cet état de douce quiétude qui m’est si cher : ce climat de confiance et de tranquillité qui permet à mon esprit de vagabonder et de se rappeler de chacun des instants de la journée. A mes cotés, mes camarades vaquent à leurs occupations. J’aperçois Dimitri, un peu plus loin, en train de coller de nouvelles photographies dans son journal. Sans doute a-t-il écrit lui aussi ses réflexions sur l’Entre-deux-mondes. Je souris en voyant son antique polaroïd enveloppé de tissus : il protège cette trouvaille comme il se doit. Je devrais en faire autant avec mon talkie-walkie modifié. A ma gauche, Olikotora contemple les flammes. Un soupir lui échappe : sans-doute se rappelle-t-il de sa vie d’avant. Je ne peux l’en blâmer. Ross, quant-à-lui, reste fidèle à lui-même : il me fait face et croise mon regard brièvement, puis me fait un signe de tête et pointe un doigt vers le ciel.
Il a raison. Là-haut, au-delà de l’orbite de Pluton, quelqu’un ou quelque chose est peut-être en train de nous observer. Peut-être se joue(nt)-il(s) de nous ? Quelle importance au fond ? Je hume à nouveau les volutes qui s’échappent de la cafetière dénichée dans le village qui accueillera – je l’espère – les germes de l’espoir. Mes pensées s’éclaircissent : il faut que je note le reste da ma journée.

Il portait un sac sur le dos et un sac rouge dans ses mains, je m’en rappelle. Alors que nous parvenions tout juste à proximité du quartier général de la Z.T.A dans l’optique de rencontrer un de leur « gradé », nous somme tombé, moi et Dimitri, sur un homme, un survivant qui venait du Sud. Mais ça, tu dois t’en douter, Voyageur, Voyageuse : tout le monde raconte la même histoire ici-bas ; nous nous sommes apparemment tous réveillés sur la plage un jour ou l’autre, voire plusieurs fois de suite. J’en reste à ce que j’ai écrit la première fois, « Relic » et Norman seraient d’accord : « Y’a qu’eque chose de pas normal, mon p’tit, qu’eque chose qui cloche ! ». Mais peut importe ces pensées, pas maintenant. Elles feront l’objet de mes réflexions, plus tard. Nous avons donc rencontré un homme, qui m’a fait bonne impression dès le départ. « Kran Chov » est son nom. Peut-être cache-t-il lui aussi une sombre ou triste histoire derrière son visage souriant, bien que marqué par les épreuves de notre condition. Son nom par ailleurs, est étrange. Il m’évoque une gentille plaisanterie, pourtant je suis bien conscient qu’il ne l’a pas choisi et qu’il a surement mieux à faire en ce moment. Quoiqu’il en soit, nous avons longuement parlé. Dimitri, plus habile avec les mots, lui a expliqué notre projet (désormais bien plus que ça). Lorsqu’il en a pris connaissance, le visage de Kran s’est illuminé.  Il nous a déclaré avoir entendu parler de l’Entre-deux-mondes, à demi-mots ou grâce aux affiches que D. Enkidiev avait placé dans certaines villes de Chernarus. Visiblement comblé à l’idée d’en avoir rencontré les instigateurs, il a pris congé en nous assurant qu’il en parlerait à l’un de ses amis, un certain Caïus Bonus si je me souviens bien. Je ne sais que penser à présent. Cet homme était visiblement sincère de toute façon, et même si ce n’était pas le cas, nous n’aurions rien à y perdre : la Z.T.A ne veillera peut-être pas sur nous mais éradiquera cependant tous les bandits qu’elle croisera. Elle les mettra du moins hors d’état de nuire.
Je ne pense pas cependant qu’elle aura à s’occuper de Kran Chov : une aura semblait se dégager de lui. Certaines personnes, à l’image d’Oliko ou de Dimitri, disposent de ce « halo » invisible : quelle que soit la situation, ils seront toujours des gens intègres, bons et prêts à aider leur prochain. C’est exactement l’impression que j’ai eu avec ce Kran. Je suis content de voir que nos efforts portent leurs fruits et j’espère à nouveau croiser le chemin de personnages comme celui-ci.

Je ne tiens pas compte de l’ordre de la journée. Ce soir, j’ai préféré rédiger mes rencontres et mes actions par thèmes, comme les affaires que j’ai placé dans cette veste que j’ai trouvé à proximité d’une carcasse d’hélicoptère. Olikotora et Ross m’ont dit qu’il s’agissait d’une « SMERSH ». Je me sens un peu ridicule avec ce second sac qui me bat les cuisses quand je marche. Mais force est de constater qu’elle m’est très utile : j’ai l’impression de transporter ma maison avec moi. Ross a déclaré que c’était presque un miracle d’en avoir trouvé une en aussi bon état. De sa voix trainante, il m’a expliqué qu’il aurait aimé trouver un « SVD » dans l’épave de l’aéronef. S’il s’agit du même type de fusil que j’ai cédé un jour à un autre survivant (comment s’appelait-il déjà ?), je ne peux que m’en blâmer. J’aurais voulu le garder pour Norman.
Là n’est cependant pas la question. Je profite de ces moments paisibles en compagnie de mes camarades d’infortune près du feu pour coucher un nouveau nom à l’encre noire sur les pages de mon mémoire : Friedrich. Un assemblage de lettres que je viens de copier à l’instant sur le journal de Dimitri (il ne le sait pas, et j’ai pris garde à ne pas lire le reste de ses mots). J’ai déjà du mal à écrire ce nom alors ne parlons pas de le prononcer…
En tout cas, ce Friedrich est d’origine allemande, aucun doute là-dessus. C’est un survivant (encore un) qui a été contacté par Dimitri à l’aide de son talkie-walkie. Il n’est pas avec nous actuellement, et pour cause : l’homme est encore plus étrange que Kran Chov. Lorsque nous l’avons rencontré en chair et en os, il nous a jaugé avec méfiance, comme si nous allions lui faire du mal. Son comportement me rappelle un peu celui d’un oiseau de proie à l’affût : des gestes vifs, précis, nerveux. Cela doit être dû à son passé. D’après ses dires (dans un français parfait, à peine teinté d’une pointe d’accent germanique), il nous a expliqué être un chercheur, à l’image d’Olikotora, du moins jusqu’au début du cataclysme. Néanmoins, certains de ses travaux ont déplu du fait de leur nature dirais-je… pas forcément éthique. Ce qui ne l’empêche visiblement pas aujourd’hui de poursuivre son œuvre et d’étudier les Grisâtres (il les appelle pour sa part les Non-vivants ou les Non-humains).
Quels que soient les tics de cet homme et quelles que soient ses actions passées, je ne peux qu’espérer qu’il demeure avec nous, voire qu’il accepte de s’installer à l’Entre-deux-mondes. Jusqu’à présent, Oliko avait beaucoup de mal à poursuivre ses recherches. Mais si un autre chercheur en biologie, aussi discret soit-il, vient lui prêter main-forte, alors peut-être qu’il sera possible de faire encore plus que de construire une nouvelle humanité. Je ne suis pas chercheur. J’ai fait des études mais mes compétences s’arrêtent à l’alimentation en eau potable, le chauffage géothermique et la détection de contaminations du sol. Autrement dit, je ne serai pas d’une grande aide à ce duo de biologistes. Mais je suis certain d’une chose. Si ces deux-là œuvrent de concert, alors peut-être comprendrons-nous les causes du phénomène… si celles-ci sont d’ordre bactériologiques.

Mes paupières sont lourdes. Ce soir, nous dormons tous à l’Entre-deux-mondes. Demain, j’irai vers la côte. Toujours le même but : trouver ce ou cette Lang Si. Ces mots en anglais parlent d’une histoire de capsule… Je veux connaitre la vérité. Ross m’accompagnera.
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Le Réacteur démarre

Mer 1 Fév - 23:14
Le Réacteur démarre

Je contemple ma radio brisée à mes pieds. Celle-ci ne me procurera plus aucun soulagement. J’en ai d’autres à Frontière d’Acier mais je n’ai de toute manière pas envie d’écouter quoique ce soit. Ni les mots rassurants d’Enkidiev, ni les constats cinglants d’Olikotora, ni même les musiques de l’ancien monde. Aujourd’hui, je resterai seul avec mon courroux et mon sentiment d’humiliation. D’un coté, je sais que je passerai au-dessus de tout ça tôt ou tard: une facette de moi-même s’est réveillée. Pire encore que la vengeance, elle observe le monde mourant avec une indifférence maussade, un tel mépris de la vie et de la mort que j’en viens à la considérer comme une autre personne que moi-même. Il faut être Homme pour supplicier ses semblables de la sorte, un tel reniement de la vie n’émane pas du Tout-Puissant. Pourtant, c’est exactement ce qui est en train de m’arriver. On m’a humilié, souillé. Mon corps et mon âme sont entachés de ce fiel qui pourrit dans mon cœur. Laisse-moi donc marquer ici les causes et les conséquences de mon tourment, Voyageur, Voyageuse.

C’était il y a quelques jours. J’ai failli à la tache que je m’étais fixé. Une fois parvenu à l’Entre-deux-mondes pour y déposer de l’équipement (en provenance de Frontière d’Acier), j’ai proposé à Dimitri de poursuivre notre route vers le Sud. Sans doute pense-t-il toujours que ma préoccupation principale était de chercher de la nourriture et diverses denrées pour le village. Dans le fond, il n’en était rien. Je cherchais avant tout à mettre la main sur l’auteur du fragment de journal que j’ai encore dans ma poche. Ce bout de papier maudit qui parle de capsules lancées sur Terre. Avec un nom : Lang Si. Voilà qui je cherchais. Le fameux Marconni introuvable et Frisca disparue, je n’avais que cet objectif qui restait atteignable : des chinois en Chernarus, il n’en court pas les rues. Et j’en ai justement croisé un il y a de cela quelques semaines, avant même de rencontrer Ross et Dimitri. Il m’avait laissé entendre à travers les rares mots que j’avais compris alors, qu’il voulait s’implanter vers le Sud-ouest de la contrée, vers une ville du nom de Myshkino, ou quelque chose dans le même genre. Je l’avais hébergé quelques temps à Frontière d’Acier et je dois avouer aujourd’hui qu’il m’avait paru plutôt sympathique : après tout, il ne me dérangeait pas trop et mieux que ça, ne touchait pas trop à mes affaires. Il était finalement parti vers d’autres horizons dès lors qu’il avait réussi à capter un signal de ses amis. Je ne pensais pas le revoir un jour. Et encore moins dans ces conditions.

Hier, j’ai parlé des conflits engendrés par l’Homme. Ces conflits mondiaux basés sur des faits, voire de simples idées. En l’occurrence, cet individu, aussi rusé soit-il, a réussi à semer un véritable fanatisme politique dans le Sud de Chernarus. En pleine apocalypse.
D’autres que moi ne ressentiraient que de la haine pour un tel homme. Je devrais le détester. Mais de l’autre coté du miroir, je lui tire mon chapeau. Réussir à regrouper un groupe de survivants sous le joug d’un seul mot, « Communisme » est déjà un exploit. Mais réaliser cette prouesse en plein désastre, voilà qui surpasse mon entendement. Joseph Djougatchvili, dit « Staline » n’aurait pas fait mieux.
En parlant du grand Guide bolchevique, ce chinois en avait visiblement copié la cruauté. Car alors que je fonçais vers Kamenka à la recherche de Lang Si, talonné de près par Ross et suivi par D. Enkidiev, plus en retrait avec son Sporter à lunette, nous avons entendu des coups de feu. Je me rappelle particulièrement de cet instant : une décision peut tout changer. Si nous avions continué droit sur Kamenka en restant sur la route, nous ne nous serions pas heurtés aux forces de la R.E.D. Mais emporté par mon élan et devrais-je dire, ma folie, nous nous sommes au contraire rapprochés. Seul Dimitri a eu la présence d’esprit de se mettre à couvert avant d’être repéré. Quant-à moi et Ross, autant dire que nous nous sommes jetés dans leurs bras.

Nous sommes restés d’abord interdits en voyant l’ampleur du groupe face à nous : ils étaient au moins quatre ou cinq et tous très bien équipés. Parmi eux, j’ai reconnu le survivant chinois que j’avais rencontré, Xia Wong Meïg puisqu’il m’a dit son nom. A ses cotés, plusieurs « Red » que je n’avais pas encore croisé ainsi qu’un être tout en nerfs et visiblement passablement dérangé, affublé d’un masque de clown grotesque. Mon calvaire n’a cependant pas débuté tout de suite : le chinois que j’avais déjà rencontré m’a en effet reconnu et a finalement baissé son arme. Il m’a questionné sur la raison de ma présence en ces lieux. Lorsque je lui ai répondu que je cherchais Lang Si, il a paru réfléchir puis m’a finalement répondu qu’elle était « partie ».

Ma main tremble au-dessus de mon journal. J’en suis presque arrivé à ce moment où tout a basculé. Pourtant, je pousserai ma réflexion plus loin avant de me rappeler de ce cauchemar.
Elle ? Lang Si est donc une fille, pas de doutes à ce sujet : cela ne m’aidera pas beaucoup mais j’ai déjà une information supplémentaire. Qu’ont-ils cru en tout cas ? Que je la recherchais dans un sombre but ? Je ne suis pas un des ces hommes transformé en bête sauvage, obéissant à ses plus bas instincts ! Je les ai prié de me fournir des réponses, c’est tout ce que je cherchais. Ont-ils eu peur de quelque chose ? Je me souviens du tremblement que j’ai aperçu derrière le masque à gaz de Xia Wong lorsqu’il m’a demandé ce que je faisais ici. Leur campement est-il situé près de Kamenka ? C’est idiot : même si j’avais découvert leur poste avancé, il pourrait me le faire payer au centuple : il connait l’emplacement de Frontière d’Acier et je ne doute pas de sa vilénie : sans aucun doute irait-il me piller par pur plaisir, pour me briser une nouvelle fois.
Car ils s’en sont finalement pris à moi et à Ross, ces soi-disant défenseurs des peuples. Comment ont-ils pu communiquer sans que je les entende, cela reste un mystère : sont-ils doués de télépathie ? En tout cas, aucun mot n’a été prononcé, aucun signe de la part de leur chef, j’en suis persuadé : comme s’ils disposaient d’une radio émettant sur des ondes connues d’eux seuls. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je me suis retrouvé menotté et Ross également. C’est ce sinistre personnage au masque de clown qui s’en est occupé. Puis j’ai été entièrement fouillé, jusqu’à mon pantalon qu’on m’a arraché et qu’on a jeté dans l’eau putride d’un marais. J’aimerais m’arracher la peau là ou les mains de l’homme au masque hideux m’ont touché. Je préfère encore sentir le métal froid des menottes plutôt qu’un simple contact avec ces mains crasseuses. On aurait dit qu’il sortait d’un charnier.

Ils se sont longuement moqués de nous, ces monstres. J’en ressens encore une honte cuisante. A demi-nu face à eux, j’ai dû écouter leurs sermons : comme quoi il fallait que je cède mes trouvailles au reste du bon peuple de Chernarus, que je n’étais qu’un capitaliste et que le projet de l’Entre-deux-mondes était voué à sombrer dans l’oubli. Mais cet équipement que j’ai ramené à Frontière d’Acier, Voyageur, Voyageuse, est destiné à être acheminé en partie jusqu’au petit village que nous avons choisi avec Dimitri, Ross et Oliko ! Et je me souviens d’un jour pas si lointain durant lequel j’ai offert à Xia Wong un objet cher à son cœur ; c’est son problème s’il l’a perdu. Pour me remercier, le leader de la R.E.D m’a laissé la vie sauve – en me prenant au passage la veste que je portais, cette fameuse SMERSH. Car il est bien entendu qu’un communiste doit être mieux équipé que son propre peuple pour être crédible…
Même en ces temps de troubles, nous avons gardé en nous cette hypocrisie : je suis autant fautif que Xia Wong Meïg : il reste persuadé du bien-fondé de ses actions et je reste convaincu de la justesse des miennes. C’est un cycle sans fin ; nous sommes prisonniers de notre nature : l’envie reste un fauve tapi dans l’ombre et pour s’en défaire, l’Homme devra la dompter.

Dimitri et Oliko seraient horrifiés s’ils voyaient les mots que je m’apprête à écrire à présent. Car avant qu’on ne me détache, frigorifié, tremblant et anéanti, il s’est passé une dernière péripétie. Un dernier coup du sort de la part du Multivers, peut-être destiné à me signifier par-là que je reste un pion sur le Grand Echiquier Cosmique : Ross, toujours menotté, ce cher Norman Ross, a disparu. Simplement. Plus de son, plus d’image. Je me souviens de son corps : il a eu un soubresaut puis j’ai cligné des yeux, l’instant d’après, il n’était plus là. Tu crois que je pleure sa disparition Voyageur, Voyageuse. Dimitri et Oliko en sont également intimement persuadés. Il n’en est rien. En fait, je l’envie. Je ne sais pas ce qui s’est passé et à ce que j’ai pu constater, la faction des R.E.D non plus. C’est au moins un mystère auquel ils ne peuvent pas répondre. Norman n’est peut-être plus. C’est une chance pour lui. Je suis las des humains et de leurs turpitudes. J’entends encore la voix nasillarde du leader de la R.E.D : « Vas ! Et profites-bien de ta liberté ».


Tu as raison, chinois. Je vais rester moi aussi encore quelques temps ici. Fouler le sol de notre bonne vieille planète le temps de transformer l’épreuve que tu m’as fait subir en souvenir désagréable. J’en profiterai pour aider Dimitri et Olikotora à construire ce que tu penses être une erreur monumentale. Faites ce que bon vous semble de cette pâte crayeuse, amis comme ennemis. En ce qui me concerne, quand j’en aurai fini avec mes objectifs, je m’avancerai dans le brouillard d’argent – ou bien dans les eaux glacées de la mer ou de l’océan, au Sud. Frisca est peut-être toute proche, de l’autre coté du voile. N’est-ce pas ce que la brume cherche à me dire ? Ce n’est qu’une question de temps. Soit patiente, le Réacteur s’est mis en marche. Je n’en ai plus pour très longtemps.
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Conflagration quantique

Jeu 2 Fév - 22:57
Conflagration quantique


Je suis revenu à Frontière d’Acier : pas d’Entre-deux-mondes pour moi aujourd’hui. J’ai demandé aux autres de ne pas me suivre. J’oscille entre violence et prostration et mon état actuel ne leur rappellera que de mauvais souvenirs. Pour le bien de mes compagnons de misère, j’ai préféré rester seul en cette fraiche soirée, loin de toutes ces futilités. Il aurait peut-être mieux valu disparaitre pour le bien de notre monde, comme ce qui est arrivé à Norman il y a quelques jours. Dimitri et Olikotora en sont profondément affectés. Pour ma part, je pense que Ross n’est simplement plus là, comme s’il était mort. C’est mieux pour lui : il aurait été tourmenté par son désir de vengeance tel que je le connais et cela l’aurait rongé. Qu’aurait-il fait ensuite ? Trouver ces orientaux pour les décimer n’aurait contribué qu’à faire exploser la marmite : Chernarus est déjà une région pleine de violence et n’aura pas besoin de Norman pour s’embraser. Comme je l’ai déjà dit, trop de groupes se sont formés. Plusieurs solutions existent. Mais je n’en vois qu’une qui pourrait contrecarrer l’hypothèse lancée par le colosse russe lorsqu’il était encore parmi nous. Si des êtres supérieurs voient effectivement en nous un jeu dans lequel seuls les plus aptes à survivre seront sélectionnés, alors offrons-leur donc un beau spectacle qui les laissera sur leur faim. Ce que le Fléau n’a pas réussi à terminer, le Feu Nucléaire y parviendra peut-être. Car il doit bien rester quelques-uns de ces jouets quelque part. La nature de l’humanité lui ordonne de s’autodétruire. Il faudrait peut-être songer à lui donner ce qu’elle désire avant de continuer à payer les pots cassés.

Nous changeons. Certains d’entre nous deviennent meilleurs et profitent de la catastrophe pour effacer leurs actions passées mais ils sont peu nombreux. D’autres y voient la possibilité d’imposer aux survivants leur façon de penser. Se rappellent-ils seulement de ce qu’ils ont été ? Je me suis abreuvé de café ce soir et ma tête bourdonne de sons et d’images, d’éclats furtifs qui semblent surgir de vies écoulées. Ces fragments sont-ils mes souvenirs ? Un mélange de mes délires et des paroles de la brume ? Qu’importe. J’arrive presque à comprendre leur sens.

« Son cœur est un puits  noir et froid au sein duquel l’orage gronde, un ouragan de ténèbres tournoyantes dévorant jusqu’à l’âme de son maître. Il puise sans compter dans le Grand Vide et dans l’Ether, brisant les limites du Multivers à travers le temps et l’espace. Ses tourments, ses peines et ses buts l’obsèdent ; avec indifférence il fait chuter les dragons de leurs aires et brise ceux qui s’opposent à lui. Pire encore, il n’est pas seul et marche de concert avec les Arpenteurs, non pas ceux qui t’accompagnent mais ceux que tu as jadis laissé derrière toi.
Prend garde, Realder. En cherchant à nous sortir encore une fois de l’Enfer, tu pourrais bien nous ramener à notre point de départ. Tu te fixe des objectifs que tu ne pourras pas tenir car ton corps d’argile ne peut transcender la matière. Tu te complais dans la rage et le mépris et je ne peux pas t’aider. »

Alors réponds-moi au moins. Réponds à mes questions, maudit brouillard! Je ne me suis pas installé si loin de tout pour t’entendre murmurer tes énigmes et tes phrases sibyllines.

Mais la brume reste silencieuse.
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Le vaccin de la résurrection

Lun 6 Fév - 22:38
Le vaccin de la résurrection

L’Homme de Fer, Norman Ross, est revenu. C’était il y a à peine deux ou trois jours, alors que je ramenais péniblement quelques fantastiques trouvailles à mon campement du Nord. J’installais une optique « ACOG » (merci Olikotora) sur la grosse pétoire américaine que je venais de trouver, un chargeur « STANAG » vidé de ses balles à mes pieds lorsque j’ai entendu une voix familière dans mon dos : l’accent trainant de mon cher camarade russe qui revenait visiblement d’une longue course. J’esquisse encore un sourire en repensant à la tête que je devais faire lorsque je l’ai vu.
Je ne vais pas marquer ici les détails de nos retrouvailles : je me rappelle lui avoir posé un nombre incalculable de questions, les plus importantes de toutes concernant bien sûr sa disparition puis – bien heureusement- son retour dans le monde des vivants.
Ses souvenirs sont épars, estompés par une brume encore plus dense que celle qui tournoie à quelques mètres de là. D’après ce qu’il m’a dit, il a été assommé alors que ces chinois le tenaient en joue. Mais ce n’est pas eux qui en sont la cause. Il ne sait rien de plus, mis à part qu’il s’est réveillé sur la plage, comme au début de notre histoire… J’ai discuté assez longtemps avec Norman pour lui faire confiance : je sais qu’il dit la vérité. Peut-être ne dit-il pas tout, c’est bien vrai, mais il doit avoir ses raisons. J’ai cependant remarqué qu’il toussait beaucoup depuis son retour et je me fais du souci à son sujet. Pour ma part, j’estime avoir des ennemis bien plus dangereux que la R.E.D. Ces communistes ne sont que des pions, des hommes peut-être bons qui se sont transformés en bêtes suite au cataclysme. J’aurai toujours du ressentiment envers eux, c’est certain, voire de la haine : je suis un homme après tout, et le pardon n’efface pas les humiliations qu’ils m’ont fait subir. Mais il y a quelque chose là-haut qui me fait bien plus peur que les brassards rouges, noirs… ou de quelque couleur que ce soit. Ces choses, là-haut, sont encore plus dangereuses que les Grisâtres qui ont élu domicile dans nos villes et nos campagnes. Existent-ils vraiment ? Je n’en sais rien. Mais il faudra bien chasser un jour les mensonges qui obscurcissent notre planète…

Ces quelques journées passées en compagnie de Ross ont été relativement calmes : nous avons alterné entre de paisibles marches à travers les bois (à l’affût toutefois du hurlement d’un loup ou d’un grognement de Marcheur) et des course effrénées entre Frontière d’Acier et l’Entre-deux-mondes. Dimitri est d’ailleurs resté là-bas pour chasser et préparer de la viande séchée pour les futurs arrivants avec cet allemand, Friedrich. Par ailleurs, le fameux Kran Chov rôde souvent vers notre petit village, mais comme lors de notre première rencontre, il reste très poli et nous aide souvent lorsqu’il en a l’occasion. Cet homme porte à n’en pas douter un lourd passé derrière lui, mais quelque chose dans son attitude me dit qu’il a un cœur d’or derrière ce fragment de sourire qui ne le quitte jamais. Tout comme Dwight, le bandit. Je puis désormais écrire son nom de code sur ces pages puisqu’il ne s’agit que d’un sobriquet dont il s’est lui-même affublé. Tout comme Oliko, notre rencontre remonte à mes plus anciens souvenirs, du moins ceux qui font suite à ce flou que nous partageons visiblement presque tous. Dwight. Il est l’un des électrons libres de Chernarus, à lui seul une Horde Cagneuse qui brise les idoles et fait descendre ses ennemis de leur piédestal. Si tu veux mon avis cher journal, il est aussi dangereux pour ses ennemis que pour ses alliés. Je n’ai jamais parlé de lui sur ces pages, sauf une seule fois. Oui, tu t’en doutes : c’est lui qu’on ne peut contrôler, les yeux froids cachés derrière les épais verres d’un masque à gaz. Norman l’a rencontré suite à une escapade jusqu’à l’immense aéroport militaire vers le centre de Chernarus. Une escapade qui était prévue soit-dit en passant : lorsque Dwight vous contacte par radio, c’est qu’il a déjà une très bonne idée de votre position si vous n’êtes pas déjà dans son viseur.

J’hésite à passer un accord avec Dwight. Après tout c’est un bandit. Mais ce n’est pas un meurtrier : d’aussi loin que je me souvienne, ses mains ne sont pas tachées d’un autre sang que celui de ces abominations ambulantes. Indiquer l’emplacement de Frontière d’Acier à un individu comme lui, c’est prendre le risque d’être percé de part en part par ses propres balles.
Mais qu’importe au fond ? Car nous avons été découverts ! Ma paisible retraite n’est plus ce qu’elle était : Frontière d’Acier ne sera plus jamais mon petit coin de paradis dans cet Enfer, et pour cause : hier soir, je me suis réveillé au son de nombreux pas. Et quels pas ! Toute la clique des « gradés » de la Z.T.A, suivis par quelques-uns de leurs acolytes. Mon campement principal, l’armurerie de l’Entre-deux-mondes (car c’est bel et bien devenu une armurerie au fil du temps) est désormais un phare qui luit dans la nuit et guide les survivants, un appel au pillage en masse ! D’heureux trappeurs venaient déjà se servir et cela me donnait des frissons d’angoisse. Mais là, c’est autre chose. Nous sommes découverts et donc vulnérables. Je devrais peut-être demander à mes plus proches camarades – presque mes amis- de fuir. Je devrais faire sauter Frontière d’acier, et me jeter dans son feu pour embraser cette région du monde. Quel dommage qu’il ne reste aucune ogive nucléaire dans ce lieu néanmoins prometteur au Nord-ouest de la Chernarussie…
Alors allez-y. Venez donc anéantir le travail de Descendres, d’Olikotora, de Ross et d’Enkidiev. Effacez donc toute trace de notre passage en ces lieux. J’ai été déçu par deux fois. Permettez-moi donc de revêtir mon âme de son armure de noirceur. Car s’ils le veulent bien, là-haut, je m’amuserai avec eux, en écoutant vos chairs se déchirer sous les balles que vous aurez déterré de Frontière d’Acier !

Ce cycle est sans fin. Nous recommençons. Plage, course, campement, course à nouveau. Puis vient la mort. De diverses manières. Pour les uns, les griffes, les crocs et une fourrure soyeuse aux riches parfums de terre. Les dents, les ongles et l’odeur de la chair pourrie. Un trait d’acier chauffé à blanc suivi d’un choc sourd et vermeil pour certains. D’autres encore préfèrent se laisser mourir : de faim, de soif, de chaud ou de froid. Les plus calmes s’enfonceront doucement dans l’eau salée et laisseront leurs poumons s’emplir de l’onde glacée. Et toi ?
Et moi ? Je suis peut-être tombé des dizaines de millier de fois. Peut-être que je me trompe : peut-être que nous n’avons effectivement qu’une vie et que j’envisage de mettre fin à la seule qu’on m’a offert. Mais je pense avoir raison – j’attendrai encore un peu cependant. Il y a quelque chose que vous ne pouvez m’arracher. J’ai pris soin d’en cacher partout dans cette région du monde : des sacs de café, tout ce que j’ai pu trouver au cours de mes pérégrinations. J’ai parcouru les limites de la brume à la recherche de ces grains. La carte de Chernarus est marquée de part en part par les chemins que j’ai emprunté.

Ils me rappellent la Terre, ces grains sombres. Pas celle qui est notre prison ni celle souillée par le bruit, la pollution et les guerres. Un autre monde : la musique, le renouveau, le soleil couchant sur fond d’azur. Les fragrances de la vie sous toutes ses formes. Et dans le fond, à la limite de mon champ de vision, toujours la même chose. Quelque chose qui semble mauvais mais qui ne l’est pas : car il faut bien un pivot pour maintenir la beauté en place, pour faire du Tout un Chaos ordonné. Il y a toujours les mêmes images au fond de mes rêves :
Un gigantesque réacteur tourne au ralenti : il bénit le monde de ses rayons délétères. Loin à l’horizon, une tour noire : elle est si massive qu’il pourrait bien s’agir d’une montagne. Dans le bois dévasté par un incendie, je n’aperçois que l’œil de la chose qui me terrifie. Heureusement, lorsque je tourne la tête, cette vision de cauchemar s’estompe et c’est Frisca que j’aperçois. Dans mon rêve, elle n’est que la première à s’être échappée. Les autres viendront bientôt. J’entends encore le carillon de cristal de sa voix dans l’immensité.

« Certains affirment qu’avancer est mourir. Que reculer est mourir aussi. Entre nous, que crains-tu Dévoreur, puisque tu es déjà mort ? »

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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Piqure de rappel

Jeu 9 Fév - 20:40
Piqure de rappel

Un nouveau jour s’est écoulé sans que je n’ose m’écarter de Frontière d’Acier. Je suis bien conscient que ça ne changera pas grand-chose : que sont ces fragments de ferraille au fond ? S’il est bien vrai que nous revenons d’entre les morts à chaque fois que la Faucheuse nous trouve, de quoi aurions-nous donc besoin ? Mais le problème est bien là : je n’en suis pas certain. Et j’ai encore des choses à faire avant de donner mon corps aux asticots ou de me perdre dans cette brume blanche. Frontière d’Acier, c’est chez moi. Loin des autres survivants et de leurs conflits. Lorsque je ne suis pas à l’Entre-deux-mondes, chaque soir je m’endors avec les murmures de la brume… Et lorsqu’elle ne chante pas pour moi, c’est le souffle du vent dans les arbres qui me permet de fermer l’œil. C’est cette liberté que j’ai perdu lorsque ces soldats de plomb ont découvert ma paisible retraite. L’acier appelle l’acier dirait-on. Maudits soient-ils… Ca ne suffisait pas à la « Team Alpha » de vadrouiller dans le Sud, il fallait aussi qu’ils viennent prospecter dans le grand Nord ! Je ne suis pas d’ici mais j’ai étudié la carte de la région pendant assez longtemps pour savoir qu’il n’y a plus rien au-delà de Nagornoe ou de Kamensk. Que cherchais-tu là-haut, Relic ? Je suis comme toi, cherokee ! Je cherche à démanteler chacun des engrenages de cette prison pour en comprendre la mécanique. Je me suis coincé plusieurs fois les doigts dans leurs dentelures aiguisées. Je m’en doute, tu as d’autres projets et je ne t’en veux pas. Après tout, on t’a sans doute envoyé ici pour restaurer l’ordre et la discipline. Et je préfère ça que d’imposer une dictature communiste ou un règne de terreur bancal aux rares personnes qui ont réussi à s’en sortir.

Mais tu as fait une erreur en venant ici. Quelque soit l’objet de ta venue et de celle de tes alliés, il ne fallait pas t’approcher de Frontière d’Acier. Peut-être y cherchais-tu cet homme que l’on voit sur certaines affiches ? Ma foi, j’ai l’impression que nous nous ressemblons tous… Je ne sais pas de qui il s’agit. Ce portrait me rappelle quelque peu Oliko, mais là n’est pas la question.  Tu as failli. Par ta faute, ceux qui t’accompagnaient portent en eux les germes de la convoitise et je ne doute pas de les revoir rôder par ici. Pire encore, ils risquent de passer le mot à d’autres survivants. Et quand bien même ce ne serait pas toi, tu étais avec eux lors de cette découverte.
Alors je t’en conjure, berger : ramène ton troupeau dans le droit chemin avant qu’il ne s’égare. Je ne suis pas l’instigateur de cette non-vie et comme toi, je souffre de cette histoire sans fin. Je ne peux t’infliger de sanctions mais si notre semblant d’immortalité est bien réel, alors toi et ton équipe, vous n’avez aucun pouvoir sur moi. D’ailleurs, personne n’en a et je n’en ai sur personne !

A tout le moins, Chernarus serait donc devenue une terre neutre sur laquelle la mort n’a plus aucune importance. Je m’interroge tout de même : ceux qui meurent de vieillesse, que deviennent-ils ? Et les Grisâtres, d’où viennent-ils ? S’agit-il de survivants qui n’ont pas réussi à revenir ? Ou de survivants qui ont choisi de ne pas revenir ? Quelqu’un ou quelque chose les amène ici ? Leur nombre est-il fixe ? J’ai tant de question à poser à tant de personnes différentes…
Il existe d’autres alternatives : je pourrais oublier tout ça et m’enfoncer dans la brume ou parcourir Chernarus de long en large sans aucune crainte : une balle dans la tête ? Je m’en relèverai. Une morsure de zombie ? Je reviendrai. Cinq hommes contre moi ? Je répondrai au feu par le feu sans ciller, quitte à me faire transpercer de part en part. Quelle importance puisque je me réveillerai sur la plage battue par les vents une nouvelle fois ! Je ne sais si tout cela est réel ou si ce ne sont que les divagations de mon esprit – bien malade je le crains. Mais une chose est certaine : je sens que je tiens quelque chose. Et je me coucherai ce soir avec un espoir.
Si Frisca est en Chernarussie et qu’elle est aussi soumise aux règles de ce cloaque, alors elle est vivante. Peut importe le nombre de morts qu’elle a dû endurer… Elle est là, quelque part.
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NormanDKN
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Re: Journaux Apocryphes de Realder Descendres

Jeu 9 Fév - 20:48
C'est .. magnifique ..
Realder
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Les Huit Cercles de Larmes

Mer 15 Fév - 22:16
Les Huit Cercles de Larmes

Oui. L’Entre-deux-mondes est bien mis en suspens – du moins pour quelques temps. Et pour cause : Dimitri est introuvable et reste injoignable. Mais ce n’est pas le pire.
Un héros est tombé. Norman Ross, le titan russe, est mort : un rempart de fer insensible aux plus violents assauts, brisé par un mal insidieux, comparable en cela à la rouille. Un cancer. Je ne l’aurai jamais su si je n’avais pas trouvé son journal, un artefact perdu, déposé dans la soute d’un vieux porte-containers échoué sur la côte. C’est un soldat français qui m’a aiguillé vers cette épave : Ed Marshall, qui avait apparemment croisé Ross sur son chemin vers le trépas. Le militaire m’a accompagné jusqu’à cette relique de l’ancien monde après avoir appris qui j’étais. Le navire échoué était le dernier endroit où il avait vu Norman vivant. Nous y avons découvert une lettre ainsi que le journal de notre protecteur. Mais pas son corps, probablement retourné au néant.
Ed Marshall a visiblement conservé sa discipline et son sens du devoir et Norman Ross lui a vraisemblablement accordé très vite sa confiance à en juger par les mots soigneusement tracés en français dans le recueil de feu mon camarade. L’Homme de Fer voyait en cet inconnu son successeur, un homme certes rencontré il y a peu, mais droit, sincère et doté d’un sens aigu des responsabilités. Je mets peut-être ma sécurité en jeu mais je fais confiance au jugement de mon défunt allié. Ne serait-ce que pour respecter ses dernières volontés, je donnerai une chance à Ed Marshall. La mort de Norman est tragique et teintée d’un lourd sentiment d’amertume. Je n’ai rien pu faire pour le sauver… Et comment Oliko aurait-il pu ? Il n’était même pas au courant de l’état de Ross ! Mais au moins, c’est Norman qui a choisi de lui-même où, quand et comment quitter ce monde. Je devrais faire la même chose. Mais il me reste tellement de choses à terminer que je me refuse ce droit pour le moment. De toute façon, j’ai peur de devoir revenir encore et encore : je commence à détester cette plage qui me hante jusque dans mes rêves.

Un malheur ne vient jamais seul mais mes yeux étaient déjà secs lorsque je suis rentré à Frontière d’Acier. Je n’ai pas versé une larme devant le spectacle qui m’attendait là-bas. Mes affaires renversées, souillées, couvertes de traces de bottes : il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que je venais à nouveau de me faire piller. Je m’y attendais quelque peu au fond et je n’ai rien à dire à ceux qui se sont permis de démolir ce que j’avais mis si longtemps à construire. Les menaces ne serviront à rien. Il suffit de changer de place et d’espérer.
Frontière d’Acier demeure néanmoins mon chez-moi. Cependant, il n’y reste plus grand-chose d’intéressant : quelques livres et ce que j’ai pu récupérer dans le pandémonium qu’on m’avait laissé. Mais ceux qui se sont permis de piocher dans mes affaires ne me connaissent pas – et les autres non plus. Ce qu’ils n’ont pu transporter est désormais ailleurs, à Enclave de Plomb. Je me doute qu’un jour (sans doute bientôt), ce nouveau dépôt sera découvert. Mais j’en fais le serment : je jure de recouvrir la surface de Chernarus de ce métal dur et froid. Et quand bien même on me prendrait tout, il me restera toujours mon divin café. Mes jambes sont aussi lourdes que de la fonte et mes poumons me brûlent encore : des deux derniers jours, je n’ai fait que courir, transportant mon matériel ça et là, semant des graines de mort un peu partout.
Que suis-je devenu ? Cette ambition, cette soif de chaos, ne me ressemblent pas. Pourtant, elles alimentent sans fin le brasier de mon cœur. La catastrophe nous change comme je le craignais. J’ai déjà écrit ce que j’en pensais mais j’ai compris quelque chose : il me faudra partir une bonne fois pour toutes avant que ce monde ne corrompe totalement mon âme. Je n’ai jamais été parfait – si c’était le cas, Frisca, Eva, Widow, et tant d’autres seraient toujours à mes cotés. Mais je peux encore faire quelque chose pour conserver cette dernière parcelle d’humanité qu’il me reste.


Fréquence obscure

Quelque chose vient d’arriver. Je me suis emparé de mon crayon aussi vite que possible pour ne rien oublier de cette soirée. Ce graphite qui s’accroche à la surface de ce papier, c’est soit le gage de ma folie, soit la preuve de ma lucidité. Mais commençons par le commencement : des faits réels, vérifiables et certains a priori.
La R.E.D m’a contacté. Ma radio, que j’utilisais jusqu’alors pour émettre mes musiques sur la première fréquence disponible (et pour les écouter moi-même) a grésillé au son de la voix de l’homme qui m’avait menotté il y a de cela quelques semaines. Je l’ai trouvé différente, changée. Comme si ce sinistre individu se réveillait d’un long sommeil après un horrible cauchemar. En temps normal, je n’aurais même pas pris la peine de lui répondre : la R.E.D n’était pour moi qu’une faction de bandits fanatiques et je n’avais rien à faire avec eux. Néanmoins, l’homme de l’autre coté des ondes me semblait lucide et plein de regrets cette fois-ci. Je l’ai donc écouté et je ne le regrette pas.
Il s’est d’abord répandu en excuses - dont je n’avais que faire – et a attribué ses actions à l’alcool et aux drogues qu’il prenait, ce que je veux bien croire. Nous avons longuement discuté à ce sujet. « Scary » (puisque c’était son titre à l’époque et que je ne me rappelle plus de son vrai nom) m’a expliqué que la plupart des « Red » ne souhaitaient que la paix avec les autres survivants de Chernarus et que leur principal objectif était la dissolution des factions de malfrats existantes. A ce sujet, c’est apparemment eux qui ont porté un fabuleux coup de boutoir à la BRATVA (encore un groupe de survivants aux yeux plus gros que le ventre).
De ce que j’ai compris de notre discussion, la R.E.D est gouvernée d’une main de fer par ce despote, Xia Wong Meïg, celui-là même que j’ai hébergé à Frontière d’Acier, mon tortionnaire et mon voleur. C’est apparemment lui qui est responsable des sombres actions de son équipe et qui en est l’élément déclencheur. Se pourrait-il que la R.E.D en elle-même ne soit pas néfaste ? Il faudra que j’en parle à Oliko et que je m’entretienne avec Ed Marshall, voire son supérieur, Mérignac il me semble. Peut-être qu’une frappe chirurgicale sur le dirigeant autoproclamé des brassards rouge permettrait de faire d’une pierre deux coups : donner à cette faction les moyens de prouver sa bonne foi et me fournir un motif pour rencontrer « Scary » et surtout cette Láng Si Lyam et son histoire de capsules. Je suis peut-être trop naïf et toujours trop gentil pour le moment mais je n’ai rien à perdre : laissons à la R.E.D le temps de s’expliquer. Si un combat doit s’ensuivre, je partagerai avec eux une sorte de pomme dont ils se souviendront. Au pire, il sera toujours temps de vérifier si nous nous réveillons tous ensemble sur la plage…

Je peux à présent noter ici ce que je cherche à énoncer depuis le début de la soirée : j’ai reçu une autre transmission. De ce que j’en sais, elle était tellement intense qu’elle a failli griller ma petite radio et qu’elle a fait rendre l’âme à la dernière pile que je portais sur moi. Par ailleurs, ce que j’ai entendu a été émis sur toutes les fréquences.
D’abord, des voix. Très clairement, peut-être comme une conversation mais je n’en suis pas certain. Ce que je sais, c’est que ces chuchotis m’ont glacé le sang : ils ressemblaient étrangement aux murmures de la brume au Nord, mais cette fois-ci, je n’étais pas tranquillement assis à Frontière d’Acier et je n’avais bu ni alcool (de toute façon j’évite ce genre de boisson) ni café. J’ai failli jeter ma radio dans un égout lorsque la voix s’est transformée en musique – mais pas la mienne.
Je sais ce que j’ai à faire : je connais quelqu’un qui étudie comme moi ce genre de phénomènes. Nous avons chacun notre façon de survivre : il œuvre au grand jour tandis que j’œuvre dans l’ombre et je dois bien avouer que je m’en méfie depuis que je l’ai vu rôder vers Frontière. Mais cet américain à l’accent à couper au couteau, ce Relic, est la seule personne qui semble se soucier d’autre chose que de sa propre survie. Je pense que je vais aller lui rendre une petite visite, en espérant être bien accueilli. Si ce n’est pas le cas, je pourrai toujours lui proposer le même genre de pomme que je destine aux « Red » s’ils décident de me faire du mal…
Realder
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Le Crédo de Realder Descendres

Lun 20 Fév - 22:33
Le Crédo de Realder Descendres

C’est une liste sans fin que je récite depuis ce qui me semble être des lustres. Des noms qui me rappellent chacun toutes ces choses qu’il me reste à accomplir :
Frisca, la Grande Absente, qui me guide malgré tout dans ce monde en ruine. Marconni, l’Introuvable, peut-être la première clé pour sortir de ce gouffre noir. Les « Red », pas si mauvais que ça finalement, j’écrirai un paragraphe à leur sujet plus tard. Sans oublier Relic, privé de son pouvoir d’action, son équipe dispersée aux quatre vents. Et en fond sonore, un musicien du multivers, nous jouant Space Oddity, la chanson de David Bowie.
Oui. La Z.T.A a sombré dans l’abîme. C’est une constatation : je ne ressens rien, à part un peu de pitié pour l’honorable Cap’tain Relic qui vadrouille désormais seul dans cette vaste contrée ravagée par la catastrophe. Etrangement et à ma grande honte, je ressens aussi une sorte de fierté : Frontière d’Acier aussi a subi de nombreux assauts. Mais mon petit quartier général est toujours debout : visiblement, les pillards n’aiment pas les livres ni les menus objets. Et quelque part ailleurs, je suis en train de refaire le plein de métal. Que crois-tu m’avoir infligé, maudit destin ? Penses-tu pouvoir rivaliser avec Realder Descendres ? Ce dont tu m’as privé, je le reconstruis peu à peu, et au centuple ! Mérignac et Marshall ont trouvé en moi leur principal support matériel et en échange, ils m’offrent protection et informations. Pour le moment…
Car j’ai entendu des rumeurs : Ed Marshall le militaire, la dernière personne à avoir croisé Norman Ross vivant, se serait donné la mort. Je sais en partie pourquoi : un plan du 3e RPIMa qui tourne mal, une rencontre imprévue avec Fyfoo, l’un des membres de ce nouveau groupe, « The Lost Riders » et voilà un militaire qui, par honneur, préfère fuir cette réalité par le plomb. C’est une nouvelle tragédie, mais prudence : ce ne sont que des rumeurs. Mon cœur reste néanmoins froid : j’ai pleuré la mort de Ross et je ressens un douloureux mélange de tristesse et de colère face à la disparition de Dimitri Enkidiev. Mais peu à peu, mes sentiments s’égalisent. Il n’y a plus guère qu’Olikotora qui compte à mes yeux, et avec lui, tous ceux qui sont susceptibles de m’aider dans ma tache.

Je ne sais plus que penser. A peine rencontré, le 3e RPIMa et ces fervents défenseurs de ma patrie semblent prêts à s’effondrer, tout comme la Z.T.A avant sa chute. Je vais voir ce qu’il en sera et laisser Mérignac décider. Pour ma part, je vais faire profil bas et continuer à rassembler toutes les denrées et tous les documents que je peux trouver. Même la R.E.D m’a étonné au point d’ébranler mes convictions les plus solides.
Le commandant Xia Wong Meïg m’a en effet rencontré en personne, hier, dans l’après-midi, pour me rendre ce qui m’appartenait de droit, suite à une longue négociation par radio. Je dois avouer que jusqu’au dernier moment, je pensais à une embuscade. Une embuscade qui se serait de toute manière terminée sans perdants ni vainqueurs puisque j’avais la main sur la goupille de ma grenade tout au long de notre entrevue. Mais aussi étrange que cela puisse paraitre, Xia Wong n’a absolument rien tenté. En fait, il semblait las de ce climat de tension constant, à tel point qu’il n’a même pas pris la peine de me fouiller ni de me mettre au sol. Il m’a longuement parlé dans son charabia (français-anglais et chinois) mais j’ai néanmoins compris qu’il cherchait au final à peu près la même chose que moi. Il ne compte visiblement pas s’échapper - tant mieux pour lui- mais seulement comprendre dans quoi il s’est fourré et d’où vient cette musique, ces voix qui résonnent désormais de plus en plus souvent, qui saturent nos radios et nos rêves.
Au terme de notre conversation, il a finalement poussé un long soupir et m’a lancé ce qu’il m’avait pris il y a longtemps, ces quelques bouts de tissus et de métal, en partie responsables de mes tourments - et des siens. Ma SMERSH, cet équipement tant convoité. Nous nous sommes séparés ainsi, sans un mot, à l’exception des bredouillements, gargouillis et murmures du second capitaine de la R.E.D, Vladimorovitch alias « Scary ». Lorsque je me suis détourné, aucune balle n’a sifflé à mes oreilles et quand j’ai finalement osé regarder derrière moi, personne ne me suivait : ils étaient déjà loin. Je me rappelle qu’ils m’ont néanmoins posé quelques questions auxquelles je n’ai pas répondu, feignant de ne pas connaitre la réponse. Oui, je sais qui a envoyé Scary dans le noir (il croit être tombé dans le coma, mais je ne doute pas de son réveil sur la plage) et je sais également où sont localisés les responsables. Je pourrais très bien l’avouer à la R.E.D pour gagner leur estime. Mais je sais aussi d’où viens la balle qu’il a reçu, de quel dépôt provient l’arme qui a été utilisée contre lui et d’une façon générale, qui fournit les ennemis des brassards rouges.

Je joue à un jeu dangereux, j’en suis conscient. Mais c’est ce qui m’a permis de survivre jusqu’à maintenant. Comment me le reprocher ? J’ai souffert pour en arriver jusqu’ici mais ces douleurs n’ont pas été vaines : je suis à présent équipé d’une véritable armure, insensible aux coups des Grisâtres. Qu’ils y viennent ces zombies, cadavres pourrissants ramenés à la vie. Une sacrée surprise les attend, j’en fais le serment sur mon doux café ! Et même si leurs griffes et leur morsure corrompue passait au travers de mes casseroles cliquetantes, leur maladie, rayonnement ou que sais-je encore,  n’aurait aucun effet sur moi. Si je tombe, soit je me relèverai, soit je partirai pour de bon. En cela, j’en remercie de tout cœur les « Lost Riders » et leur affreux pseudo-vaccin. Fyfoo, Jacob, Alain… ils ont mis au point un rituel, qui, s’il peut paraitre étrange, immunise temporairement son bénéficiaire contre les zombies. Peut-être que ça ne sert à rien au fond : peut-être sommes-nous tous immunisés. Mais depuis qu’ils m’ont fait avaler leur horrible breuvage, il y a de cela quelques mois (ou semaines ?), j’ai l’impression d’y voir plus clair, un peu plus chaque jour.

Je suis fatigué. Il est temps de dormir. J’ai beau puiser sans compter dans mon précieux café, je n’arrive pas a rester éveillé. Je suis parvenu à réduire mes cycles de sommeil à une poignée d’heures : six pour une nuit de luxe, cinq amplement suffisantes et quatre pour repartir plus ou moins comme il faut. Je continuerai à écrire demain ou après-demain cher journal : j’ai un hommage à rendre à certains survivants encore en vie aujourd’hui et un chapitre entier pour eux ne serait pas de trop. A commencer par cette jolie chinoise, Láng Si Lyam, et son compagnon qui semble être un tireur d’élite surentrainé. Ils font partie des communistes, c’est un fait, mais ils disposent également d’une quantité d’informations phénoménale. Peut-être serait-il envisageable de travailler de concert ? L’avenir seul me le dira. Mes dernières pensées vont vers Fyfoo et ses coursiers. Les joyeux lurons que j’avais rencontré à l’Airfield cherchent toujours Marconni et ont implanté une sorte de campement ou de laboratoire dans une zone de Chernarus que je connais bien. Je pense qu’il faudrait qu’ils rencontrent Oliko. Leur histoire ressemble beaucoup à la mienne et notre nationalité est identique : si je peux leur apporter mon aide, ce sera avec plaisir.
Wacher
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Mar 21 Fév - 1:03
J'apprécie tout ce que tu écris là. C'est même un vrai régal, c'est comme un long (très long) débriefing de tes aventures en fait.
Realder
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Journaux Apocryphes de Realder Descendres Empty Une place dans mes rêves: première prose

Mar 21 Fév - 21:38
Une place dans mes rêves : première prose

Autant pour mes projets. Je crains de devoir trouver d’autres clients que le 3e RPIMA en ce qui concerne mon surplus de métal. Et pour cause : ni Ed Marshall ni le sergent Mérignac ne répondent à mes appels radio, ce qui, de la part de militaires aguerris, ne peut signifier que deux choses : soit ils sont dans l’impossibilité technique de me répondre, soit un malheur leur est tombé dessus. Je les ai observé, j’ai vu comment ils fonctionnaient et j’opte malheureusement pour la seconde solution.
Mais j’aurai bien le temps de vérifier ce qu’il en est réellement, plus tard. Pour le moment et comme convenu, j’ai des choses plus importantes à rédiger.

Láng Si Lyam. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis que j’ai trouvé un extrait de son journal, ces textes ésotériques parlant de capsules envoyées dans l’espace et retombées sur Terre pour certaines d’entre elles. Je n’ai pu lui parler que sous le couvert d’un échange, dans la « zone neutre » de Chernarus, un vaste hangar rouge et ses alentours, surveillé par de nombreuses factions. Il s’agit d’un petit bout de terre dans la banlieue de Stary Sobor, qui sert visiblement de lieu de rendez-vous et de centre de discussion. La R.E.D, la Hunting Wild, la Black Trinity et les restes de la Z.T.A sont visiblement parvenus à un accord et ont décrété la neutralité totale de ce petit coin de paradis. Combien de temps cela durera, nul ne le sait, mais pour ma part, j’en suis fort aise. C’est là-bas que j’ai pu palabrer avec la jeune femme et son compagnon. Ces deux-là m’ont semblé inséparables et je suis content de voir que quelque part dans cette sinistre contrée, la vie fait encore feu de tout bois pour allumer quelques étincelles de bonheur, quelque soit la couleur de ces dernières. La chinoise m’a raconté ce qu’elle savait : elle aurait été « sélectionnée », envoyée dans les solitudes glacées, au-delà même de la stratosphère pour être placée en cryostase. Il y aurait visiblement donc bien quelque chose d’autre que notre lune là-haut : une sorte de vaisseau rempli d’humains « supérieurs à la moyenne ». Des hommes et femmes dotés de capacités d’adaptation exceptionnelles, des génies, des athlètes, des artistes, de grands mathématiciens… De ce que j’ai compris, Lang Si et Alexandrev ne doivent leur présence sur Terre qu’à une défaillance de leur capsule, qui s’est abîmée dans l’océan il y a de cela bien longtemps. Je n’en éprouve aucune jalousie : de ce que j’en sais, je n’ai pas été cryogénisé et ça m’est bien égal. Je ne suis pas très costaud, je ne suis pas un génie et je lutte comme je peux face à l’adversité. Tout ce que je veux, c’est prendre la poudre d’escampette, partir de Chernarus pour voir si ce n’est pas mieux ailleurs. Si ce n’est pas le cas, je pourrai toujours revenir ici. Après tout, les zombies ne sont pas si dangereux et je parviens parfois à profiter de quelques moments de calme. Néanmoins, même si je n’ai a priori pas subi de « congélation », j’ai toujours une lacune dans mon passé : que m’est-il arrivé entre le moment où je suis monté dans le transporteur et celui où je me suis réveillé sur la plage pour la première fois ? Et qu’est-ce que c’est que ce « You are dead » que j’ai cru entrapercevoir la dernière fois ?
Je n’ai pas pu poser la question à la belle Lang Si, ni à son gardien - la faute à Xia Wong Meïg, leur commandant, apparemment pressé de partir. J’espère que je pourrai en savoir plus. Ma route croisera forcément celle des « Red » encore une fois au moins, sauf si je décide d’avancer dans la brume avant.

Il y a une chose qui me concerne directement et que je n’arrive pas à expliquer. Frisca : plus je pense à elle, moins je m’en souviens. C’est comme si je n’arrivais pas à me rappeler ses passions, son caractère et ses motivations. Je sais qu’elle m’accompagnait (forcément, nous étions si proches) et que nous avons été séparés - a priori- lorsque je suis monté dans le transporteur. Après, ce fut le noir complet, puis la plage, près de Bérézino. Cependant, c’est avec horreur que je m’aperçois qu’elle ne me manque pas comme devrait me manquer une amie ou une alter-ego. J’ai plutôt l’impression qu’on m’a amputé d’une partie de mon âme et que des fragments se sont éparpillés un peu partout. Je ne ressens aucune douleur, c’est plutôt comme si on me séparait d’elle peu à peu, chaque réveil sur le sable de Chernarus comme une guillotine de glace, coupant peu à peu les liens qui nous unissaient.
Ma tête me fait souffrir : ce soir encore, j’ai trop forcé sur le café et des visions ésotériques dansent dans les coins. Je n’ai même plus besoin de me tenir à proximité de la brume pour entendre ses murmures. Demain ou plus tard, c’est promis, je rendrai son hommage à Fyfoo et à ses « Lost Riders ». Ils le méritent même s’ils ont sans doute joué un rôle certain dans la disparition d’Ed Marshall. Je noterai tout ça en temps voulu. Courage Realder, les choses avancent peu à peu.
Realder
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Mer 22 Fév - 22:20
Une place dans mes rêves : deuxième prose

Ça ne va pas du tout. La brume me l’a murmuré à l’oreille : quelqu’un s’est approché des vestiges de Frontière d’Acier, de mes livres - dont le journal de Ross- et surtout de mon précieux café. C’est pour ça que j’y suis retourné ce soir et ce terrible brouillard ne m’a pas menti : il flotte en ces lieux les fragments de l’aura d’un intrus. Non. De deux intrus. Je ne comprends pas : c’est étrange. D’habitude, les éventuels pillards me laissent de marbre, compte-tenu de ce qu’il reste dans mes tentes. Mais là, c’est comme si deux êtres partageant la même âme étaient venus dans un tout autre but. Est-ce que c’est moi qu’on cherche ? A moins que quelqu’un d’autre se soit aperçu du pouvoir qui dort encore à Frontière d’Acier ? Qui que tu sois, intrus, sache que je me suis longtemps abreuvé à cette source de paroles, de visions et de mots puissants. Encore aujourd’hui, la brume blanche comme la neige, rouge comme le sang - et le plus souvent argentée comme l’acier- me parle et me remémore des parcelles de mon passé. Parfois, elle scande des discours étranges mais comme je l’ai écris il y a quelques temps, tous disposent d’un fragment de vérité.
Je vais demeurer ici pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours. J’ai confiance en la brume : elle est autant ma prison que ma gardienne. Ce Cercle de Larmes, c’est chez moi : on peut me voler mes possessions matérielles mais mon existence est en sursis en ce lieu.

Je trouverai le curieux/la curieuse plus tard. Pour le moment, j’ai une connaissance à honorer.
Fyfoo. Un surnom plutôt amusant pour un être haut en couleur qui s’est investi d’une importante mission. Je ne sais ce que sont devenus ses amis Alain et Jacob, mais en ce qui le concerne, il a fondé une faction de survivants neutres, les « Lost Riders ». Je connais l’emplacement de leur campement et c’est malheureusement - je le crains- ce qui a entrainé la disparition d’Ed Marshall (et très probablement sa mort par suicide d’après mes informations). Fyfoo m’avait en effet contacté il y a quelques jours par radio, pour m’informer que le militaire avait pénétré dans son camp sans autorisation. Après lui avoir donné la punition de rigueur (je ne partage pas vraiment le point de vue du « Rider » de ce coté-là), Ed Marshall aurait été relâché dans la nature, privé de son précieux équipement. Ce qui justifie la rumeur de sa mort.
Quoiqu’il en soit (et au risque de paraître dénoué de toute empathie), c’est ce que Fyfoo m’a raconté qui m’intéresse. Il est toujours sans nouvelles de Marconni (c’est la mauvaise nouvelle) mais en contrepartie, il est parvenu à lancer une production quasi-industrielle de son étrange remède. Aussi horrible soit-il (un goût immonde, une odeur pestilentielle et une texture épouvantable), il soigne. Cette mixture, qu’il m’a forcé à avaler puis qu’il m’a injecté il y a maintenant quelques mois si je ne m’abuse, m’a permis de demeurer insensible aux morsures des Marcheurs. D’après ses dires, ce n’est que temporaire. Cependant, à moins d’avoir été immunisé à cette « maladie » à la base (et je n’ai absolument aucune preuve que ce soit une maladie), je ne peux que saluer sa réussite : je ne suis jamais tombé malade.
Fyfoo est peut-être la seule personne vivante à avoir réussi à saboter l’engrenage mortel de la catastrophe mais il tâtonne et je pense qu’il a trouvé cette recette magique quasiment par hasard. Même Oliko n’a pas réussi à faire mieux. Je pense que plusieurs des plus brillants esprits présents en Chernarus devraient se rencontrer. Mérignac avait donné une mission à Oliko, mission qu’il rempli peu à peu et avec zèle. En collectant le sang des survivants qui acceptent ses piqûres, Olikotora, - Watson puisque c’est son véritable prénom - est en train de remplir une véritable base de données qui lui permettra de poursuivre ses recherches avec soin. De l’autre coté, nous avons la charmante Lang Si Lyam et Alexandrev, son dangereux protecteur, tout deux des sources d’informations providentielles. Fyfoo et son remède bien sûr, qui devrait se rapprocher d’Oliko. Et bien sûr, le capitaine Relic, désormais un pauvre cowboy solitaire, qu’il me faut retrouver. Il a entendu la même chose que moi sur sa radio, j’en suis certain. Tout ce foutoir est lié par le même fil de soie et j’entends bien tirer dessus jusqu’à tomber sur un nœud.

Si tu as une quelconque influence sur moi, brume, je crois qu’il est temps pour toi d’honorer ta dette. Fut un temps, peut-être dans un autre monde, une autre vie, où je n’étais pas Realder Descendres. Tu me l’as clamé haut et fort et chacun de tes étranges poèmes va dans ce sens. Tu m’aurais à cette époque donné d’autres titres, celui de Catalyseur, de Lame du Vide, d’Arpenteur… Tu m’as raconté nombre d’histoires : celle de cette entité terrifiante, perdue à travers les plans, errant sans fin et réduisant le continuum en charpie. Celle de la Tour Sombre, pivot de plusieurs mondes. Cette autre encore, celle du Grand Oignon Cosmique, et du Réacteur que nous utilisions pour en traverser les membranes, avant de nous jeter à corps perdu dans le Grand Vide, emplissant notre essence d’Energie Noire pour inonder le Multivers d’Ouragans de Portails.
Je ne te demande rien de tout cela. Ou peut-être que si. Donne-moi ne serait-ce qu’un infime fragment de cette magie dont tu parles puisque tu sembles savoir qu’elle était ma propriété. Permets-moi d’honorer ma promesse, de faire quelque chose de bon pour l’humanité puis de quitter la Chernarussie. J’en ai assez de la Frontière que tu m’imposes. Realder t’en conjure, il veut voir autre chose que cette étendue verdoyante et vallonnée qui se perd dans les volutes de ton brouillard.

Realder
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Jeu 23 Fév - 22:09
Une place dans mes rêves : troisième prose

Toi qui poseras sur ces lignes ton regard inquisiteur, accroches-toi donc et tiens-toi prêt à te noyer dans les flots tumultueux des palabres de la brume, au Nord de Chernarus. Ou fuis donc comme un lâche et détournes-toi des chansons que tu ne peux comprendre.

J’ai traversé le voile aujourd’hui, jusqu’à perdre de vue la limite entre le monde réel et ce maelström de voix, de chansons et de cris.  Immergé dans la brume, j’ai écouté ses contes et je ne dois la sauvegarde des restes de mon âme qu’à la protection de mes grains torréfiés.
Il doit exister d’autres mondes que celui-ci et la plupart d’entre nous a peut-être vécu de multiples existences dans chacun d’eux. J’ai rêvé d’une île sur laquelle une amie proche (mais as-tu seulement existé, Eva ?) avait dompté dinosaures et dragons et mis à ses pieds un territoire écrasé par trois gigantesques obélisques.
Un autre au sein duquel mon corps était recouvert par une sorte d’armure assistée, sans doute capable de balayer d’un seul revers l’ensemble des Marcheurs de Chernarus.
Un troisième, bien plus paisible, qui m’a permis de faire du commerce de matériaux précieux avec diverses espèces d’extraterrestres et d’explorer les confins de la galaxie en toute sérénité.
Mais parmi ces visions, il y en a quelques-unes qui ont heurté plus fortement les portes de mon esprit et les fenêtres de mes souvenirs. Des noms ont émergé et d’autres choses aussi, aux limites de ma mémoire. Sarevok Anchev, Bortak, Necratim… Qu’est donc devenue l’Escouade des Terres Sombres ? Toril n’était qu’une étape de notre périple, un refuge avant de reprendre la route des Plans. Les portails du Réacteur Lambda avec nous, il ne restait plus grand-chose à accomplir avant de commencer à dresser une carte précise du multivers…
Que s’est-il passé pour que les Arpenteurs soient ainsi dispersés à travers le Grand Vide ? Le Catalyseur, « Half-Life » (un surnom finalement pas si ridicule que ça) a-t-il décidé seul de fractionner son âme pour coincer ses alliés de la sorte ? Je ne le sais pas, et à vrai dire, je n’ai pas la moindre idée de ce que je raconte ce soir.

J’ai peur d’avoir véritablement dépassé mes limites. Ce brouillard semble ronger mon âme comme un acide, même avec la mélasse noire que j’ai avalé - la prochaine fois, je ferai aussi bien de croquer directement dans mes grains de café. D’après les « on-dit », certains survivants de l’apocalypse s’en serait échappé et Kran Chov serait l’un d’entre eux. Il est vrai que je ne l’ai pas vu depuis longtemps mais cela peut également indiquer qu’il est mort. Définitivement.
Je vais rester encore ici quelques temps et ressasser ce que j’ai entendu. Compte-tenu de mon état, je ne sais pas si je serai en état de transporter ma carcasse jusqu’à Altar demain (j’avais prévu de visiter cet étrange lieu un jour ou l’autre). D’un autre coté, ma soif de savoir est insatiable : il faut que je sache si je suis le seul à entendre la brume et à partager ses visions. Et ce n’est pas en restant ici que je vais obtenir des réponses.

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